4 salariés sur 10 ne se sentent pas capables d'aller jusqu'à la retraite
Neuf millions de personnes ne pensent pas arriver à tenir jusqu'à la retraite, selon une enquête du ministère du Travail. Ce sentiment d'insoutenabilité varie selon les professions et l'environnement de travail.
Pas capables de tenir dans leur travail jusqu'à la retraite. C'est ce que pensent 37% des salariés français, soit près de neuf millions de personnes, rapporte une étude du service statistiques du ministère du Travail, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), réalisée en 2019 auprès de 40.000 personnes et publiée le 9 mars.
Selon cette enquête, le sentiment "d'insoutenabilité du travail" est nettement plus fort chez les moins de 30 ans (59%) par rapport aux plus de 50 ans (18%) qui ont souvent quitté les postes les plus exposés et ont un "horizon plus rapproché de la retraite". Il est aussi très important auprès des femmes ayant des enfants en bas âge (57%).
Les métiers de bureaux plus soutenables
Mais ce sentiment semble diminuer lorsque l'on donne de l'autonomie aux travailleurs. Ainsi, les métiers d'ouvriers non qualifiés (manutention, chaines de production), au contact du public (caissiers, employés de la banque et de l’hôtellerie-restauration) ou dans le soin (infirmières et aides-soignantes), sont considérés comme les "moins soutenables", jusqu'à 66% pour les caissiers.
À l’opposé, les métiers les "plus soutenables" sont davantage exercés dans des bureaux (techniciens de l'informatique, secrétaires...).
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Contraintes psycho-sociales et physiques
Par ailleurs, ce sentiment d'insoutenabilité concerne 58% des salariés exposés à des contraintes psycho-sociales (travail intense, exigences émotionnelles, insécurité socio-économique, conflit de valeurs, rapports sociaux dégradés...), 46% de ceux exposés à des contraintes physiques (bruit, chaleur, humidité, travail debout, port de charges lourdes, etc.) et 61% de ceux exposés aux deux.
Ces salariés ont des carrières plus hachées que les autres et partent à la retraite plus tôt, avec des interruptions, notamment pour des raisons de santé, qui finissent par s’amplifier en fin de carrière. Mais un tiers des salariés en très bon état de santé jugent tout de même leur travail insoutenable.
Autonomie, soutien social et mobilité
D'autre part, les changements organisationnels dans l'entreprise sont généralement préjudiciables à la soutenabilité du travail, sauf si les salariés participent à la décision.
La diminution de ce sentiment passe par une réduction de l'intensité du travail (devoir se dépêcher, travailler sous pression, suivre une cadence, etc), une hausse de l'autonomie (choisir la façon d'arriver aux objectifs ou de bien faire son travail) en passant par un soutien social plus fort (recevoir de l'aide de ses collègues, de ses supérieurs...).
Mais c'est la mobilité qui permet l'amélioration la plus nette. "Quitter le salariat en devenant indépendant diminue par plus de deux la probabilité de rester dans un travail insoutenable à trois ans d’intervalle", note l'étude.
Le statut d’indépendant est "associé à une meilleure santé et une articulation vie familiale - vie professionnelle plus favorables, en dépit d’une durée du travail plus longue", souligne enfin l'étude.