À la rencontre de deux aides-soignants nomades qui sillonnent la France en camping-car
Sillonner les routes pour pallier la pénurie de soignants : c’est l’idée originale de Wilfried et Julien, deux aides-soignants itinérants qui se sont lancés dans un tour de France en camping-car. À chaque étape, un nouveau contrat.
Wilfried, 33 ans et Julien, 38 ans sont des soignants nomades. Ce couple de trentenaires a fait un choix de vie radical et plutôt minimaliste en 2021. Ils ont acheté un camping-car tout équipé et sont partis sur les routes.
"On est passé de 60 m² à 11 m². Tout est vraiment optimisé ici. Tout est très bien pensé et puis tout de suite, on s'est très bien senti dans le camping-car", explique Wilfried Sarrazin, aide-soignant.
Liberté professionnelle, financière, personnelle
Leur mode de fonctionnement est de se déplacer au gré de leurs contrats de travail dans des structures de soins dans la France entière. Partis de Picardie, ils ont d’abord fait un stop près du lac d’Annecy. Direction ensuite la côte d’Azur avant de remonter par l’Est de la France, le Nord. Un arrêt à Étretat puis, en Bretagne avant de s’arrêter pour le moment en Mayenne.
"On a une liberté professionnelle, financière, personnelle, on profite de beaucoup plus de choses", poursuit Julien Poultier, aide-soignant.
Depuis 15 jours, ils se sont installés à côté de l’ancien couvent de Lassay-les-Châteaux, transformé en Ehpad. Jusque fin juin, ils vont y exercer en tant qu’aides-soignants. C'est une vocation pour tous les deux pour un métier qu’ils exercent depuis une dizaine d’années.
"Un regard extérieur"
"Au début, c'est vrai que c'est compliqué de trouver le rythme de la nouvelle structure, mais on essaye de se concentrer très vite sur l'organisation, sur les résidents", commente Wilfried.
Efficaces et sympathiques auprès des patients et des collègues, leur aventure s’est fait connaître et ces aides-soignants nomades ont désormais une excellente réputation qui les précède. Le directeur de cet Ehpad les avait contactés il y a un an, mais pas de place dans leur agenda pour un contrat avant maintenant.
"C’est une vraie opportunité pour nous, ils nous ramènent des idées d'ailleurs, c'est vraiment un regard extérieur qui est intéressant, ça permet de soulager l'équipe. En fait, ils nous donnent une bouffée d'oxygène, moi, je les garderais bien, après c’est leur choix", explique Aurélien Balzeau, directeur d'Ehpad à Saint-Fraimbault.
Des relations fortes avec les résidents
Wilfried et Julien essaient d’obtenir des contrats de trois mois à chaque étape de leur périple. Il ne leur faut souvent que quelques jours pour nouer des relations fortes avec les résidents. Quand il leur parle de leur camping-car, ils provoquent souvent l’étonnement.
"Il m'a expliqué un peu tous ces voyages, où il a travaillé. Moi, je trouve que c'est une très bonne idée parce que les gens qui restent dans un endroit trop longtemps sont épuisés. Ce sont tout le temps les mêmes gens, les mêmes endroits. Ils vont me manquer", confie Irène Sallas, 96 ans. "Même si on est là que trois mois, on tisse des liens avec les gens du coup, c'est vrai que parfois les au revoir sont un petit peu déchirants", reconnaît Julien.
Une fois la journée de travail terminée, aucun stress pour rentrer chez soi. Il leur suffit de faire quelques pas pour retrouver leur maison sur roue. L’Ehpad leur propose en plus le raccordement électrique.
De quoi profiter d’un joli cadre de vie et découvrir la région pendant les jours de repos. Avant de partir dans quelques mois pour l’Ardèche.