À quoi servent les jardins thérapeutiques des hôpitaux et des Ehpad ?
Le contact avec la nature fait partie du traitement de certains patients des hôpitaux et des Ehpad, qui mettent en place des jardins thérapeutiques. Reportage en plein cœur du CHU de Nancy.
Dans ce jardin, quand les soignants et les patients parlent de la pluie et du beau temps, c’est tout sauf anodin. C'est même un sujet de prédilection pour l’orthophoniste qui a organisé un atelier autour du langage pour ces patients souffrant de maladies neurodégénératives.
Dans le jardin de l’hôpital de Nancy, les premières touches de couleur apparaissent. La nature est mise à contribution pour éveiller la mémoire des patients.
Réveil des sens, langage, sérénité...
"Je vais cueillir des fleurs pour qu'ils puissent s'appuyer sur le toucher, avoir différents aspects sensoriels pour solliciter un peu leur mémoire via leur sens", explique Emeline Nassau, psychologue au centre Paul Spillmann du CHRU Nancy.
Ici tous les sens sont sollicités. Si la nature éveille le langage, ce n’est pas le seul intérêt. Dans le jardin, les patients retrouvent de la sérénité.
"Tous les troubles du comportement qu'on peut voir en intérieur diminuent généralement sur l'extérieur parce qu'on offre un cadre dans lequel ils peuvent plus facilement s'apaiser, se retrouver, prendre le temps d'échanger", explique Élodie Souama, orthophoniste au centre Paul Spillmann.
Mobiliser les mécanismes cognitifs
En l’espace de 15 ans, au cœur de l’hôpital, ce jardin est devenu un lieu incontournable pour les soignants et les patients. Au fil des années, cette neurologue à l’origine du jardin thérapeutique, a démontré que les bienfaits de la nature allaient au-delà de la sérénité et de la mémoire.
"On a montré que la végétation, les œuvres d'art suscitaient la curiosité, le langage, la communication, l'interaction avec les familles avec les soignants et entre les personnes qui sont hospitalisées. De même que nous avons pu montrer des bénéfices sur le rythme veille-sommeil avec moins d'agitation et de levers la nuit, moins de somnolence dans la journée et donc une meilleure participation, un rythme plus physiologique", confie la Dre Thérèse Jonveaux, neurologue et directrice du centre Paul Spillmann.
Stimuler et solliciter les souvenirs
Le contact avec la nature réactive aussi l’autonomie et l’estime de soi. Colette n’avait pas fait de semis depuis de nombreuses années, pourtant les gestes reviennent.
"Ce n'est pas parce qu'on a une maladie neurodégénérative qu'on n'a pas de vécu, pas de souvenirs et qu'on ne peut pas les partager. Pour l'anecdote moi, je suis arrivée et que j'ai pris mon poste ici, je ne savais pas jardiner du tout et ce sont les patients hospitalisés qui m'ont tout appris", raconte Emeline Nassau, psychologue.
Même s’ils sont encore rares, depuis quelques années, les jardins thérapeutiques se développent un peu partout en France.