Accès élargi à l'aide à mourir : qui pourrait y avoir droit avec la nouvelle loi ?
Le nouveau projet de loi sur la fin de vie débattu à l'Assemblée prévoit un élargissement de l'accès à l'aide à mourir. Mais dans quelles conditions et avec quelles garde-fous ?
Les députés planchent dessus depuis le 27 mai. Le texte du projet de loi sur la fin de vie prévoit de donner à certains malades la possibilité d’accéder à une aide à mourir. Une des clés du débat concerne donc cet élargissement des conditions d'accès et la définition des personnes concernées.
Toute personne avec une maladie en phase avancée
Si ce projet était adopté, l'aide à mourir ne serait plus réservée à des personnes atteintes d'une maladie grave et incurable, dont le pronostic vital est engagé à court ou moyen terme. Mais tous ceux dont cette pathologie est en phase avancée ou terminale seraient concernés.
Cela augmente les craintes des professionnels de santé les plus réticents face à cette nouvelle loi. "Aujourd'hui, l'accès aux soins est compliqué", note la docteure Ségolène Perruchio, vice-présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs. "Les personnes ont beaucoup de mal à obtenir des soignants, du matériel, des adaptations de domicile... La situation des Ehpad est catastrophique. Bien évidemment qu'il y aura un certain nombre de gens qui, par défaut d'accès aux soins, pourraient être incités à demander à être aidés à mourir." redoute-t-elle.
Des garde-fous pour éviter les dérives
"La loi ne forcera jamais personne à demander une euthanasie ou un suicide assisté. Mais la loi forcera tout le monde à se poser la question", ajoute la Dre Perruchio.
Pour les défenseurs d'un accès élargi à l'aide à mourir, ces dérives seront évitées grâce à des garde-fous. Ils comprennent par exemple la mise en place des meilleures prises en charge possibles face à chaque demande d'aide à mourir, mais en reconnaissant les limites actuelles de la médecine, face aux pathologies neurologiques comme la maladie de Charcot, de Parkinson ou la sclérose en plaques.
Avoir la capacité de demander
"Pour ceux qui ne sont pas en fin de vie prochaine, comme une personne qui a un stade très évolué d'une maladie de Parkinson, qui est dans une situation de dépendance extrême, qui voit apparaître des hallucinations, qui a peur de ce qui l'attend... il y a aussi la perspective éventuelle, au-delà de ne plus être en maîtrise de son corps, de ne plus être en maîtrise de son esprit. Et de ne plus être en capacité de demander", explique la docteure Valérie Mesnage, neurologue au Centre d'éthique clinique de l'AP-HP.
Car le texte de loi actuellement envisagé réserve l'accès à l'aide à mourir aux personnes aptes à manifester leur volonté de façon libre et éclairée.