Accusé de viol, le Pr Daraï peut toujours exercer, malgré sa mise en retrait
Après plusieurs plaintes contre le professeur Emile Daraï, chef du service gynécologie-obstétrique à l’hôpital Tenon à Paris, une enquête a été ouverte pour viol, viol sur mineur et viol en réunion.
Le professeur Emile Daraï est définitivement mis en retrait de ses responsabilités de chef de service et de responsable pédagogique, ont annoncé jeudi 9 décembre l’AP-HP et Sorbonne Université. Les deux institutions avaient annoncé le 8 octobre que le gynécologue était écarté de ses responsabilités pour que l'enquête interne, déclenchée un peu plus tôt, "puisse se dérouler dans la plus grande sérénité". Il conserve néanmoins son poste de gynécologue-obstétricien au sein de l'hôpital Tenon.
"Ce retrait est désormais définitif et le Pr Daraï ne reprendra ni sa responsabilité de chef de service ni de responsabilité pédagogique", ont annoncé les deux institutions dans un communiqué commun. Spécialiste de l'endométriose, chef de service gynécologique-obstétrique et médecine de la reproduction à l'hôpital Tenon, Émile Daraï est visé par plusieurs plaintes pour viol, viol sur mineur et viol en réunion.
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Le Pr Daraï consulte toujours
Le gynécologue, qui continue toujours ses consultations et ses opérations à l'hôpital Tenon, a été accusé par plusieurs ex-patientes de pratiquer des examens vaginaux et rectaux de manière brutale et sans demander le consentement. Sophie, ancienne patiente du Pr Daraï, s’était confiée en octobre à AlloDocteurs.fr, après la mise en retrait du praticien. "Si on veut protéger les victimes, ce ne sont pas ces fonctions-là qu’il faut lui enlever, s'exclame-t-elle. C’est très insuffisant. Ce n’est pas par des cours ni un statut de chef de service qu’il nuit. C’est par des violences, des mots, et il peut continuer à le faire. J'attends de plus grandes sanctions.”
"C'est une victoire pour les femmes victimes de violence gynécologiques et obstétricales. L'AP-HP les a entendues. L'omerta commence à se briser", a déclaré de son côté à l'AFP Sonia Bisch, porte-parole du collectif "Stop violences gynécologiques et obstétricales" qui avait recueilli des témoignages sur son compte Twitter @StopVOGfr. "Nous regrettons néanmoins que le Pr Daraï ne soit pas suspendu de ses consultations le temps de l'enquête de police pour préserver la sécurité des patientes", a-t-elle poursuivi.
"Aucune connotation sexuelle"
"A la lumière des différents témoignages contre le Pr Daraï, la commission estime que l'obligation d'information de ces patientes, le soulagement de leur douleur, le respect de leurs volontés n'ont pas été respectées", peut-on lire dans le rapport d'enquête interne rendu public le 9 décembre. Mais "la commission ne retient aucune connotation sexuelle alors que certains manquements ont été relevés dans le recueil du consentement à certains gestes".
Une charte de bonnes pratiques gynécologiques a été rédigée par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) quelques semaines après la mise en retrait du Pr Daraï. La Dr Belaisch-Allart, présidente du CNGOF, précisait alors que “les gynécologues et obstétriciens avaient besoin de rappeler que leur pratique, si elle n’est pas une consultation comme les autres, est régie par des règles, qui seront désormais affichées dans les salles d’attente des services de France” appelant chaque femme à en prendre connaissance avant la consultation.