OGM : le coup de gueule des prix Nobel contre Greenpeace
Dans une lettre ouverte, une centaine de prix Nobel demande à Greenpeace de cesser sa campagne de dénigrement des OGM et souligne les bénéfices de ce type de cultures. Pour l'ONG, rien ne prouve que les OGM puissent lutter efficacement contre la malnutrition.
Une centaine de prix Nobel, dont une quarantaine de Nobel de médecine, ont demandé aux gouvernements du monde entier de "désavouer la campagne de Greenpeace" contre les OGM et plus particulièrement contre le riz doré, et de faire "tout ce qui est en leur pouvoir" pour "accélérer l'accès des agriculteurs à tous les outils de la biologie moderne", dans une lettre publiée jeudi 30 juin 2016 et également adressée à l'ONU.
Des OGM "aussi sûrs, sinon plus" que les autres productions
Selon eux, cette campagne n'a pas lieu d'être et nie les faits scientifiques. "Nous demandons à Greenpeace et à ses partisans de réexaminer l'expérience acquise par les agriculteurs et les consommateurs du monde entier avec des cultures et des aliments améliorés grâce aux biotechnologies, à reconnaître les résultats des organismes scientifiques compétents et des agences réglementaires et d'abandonner leur campagne contre les OGM en général et contre le riz doré en particulier", écrivent les signataires de la lettre, qui représentent plus d'un tiers des lauréats du Nobel encore en vie. Les signataires relèvent que "toutes les agences scientifiques et réglementaires dans le monde ont établi de manière répétée et cohérente que les cultures et les aliments améliorés grâce aux biotechnologies sont aussi sûrs, sinon plus, que ceux provenant de toute autre méthode de production".
Publiée sur le site supportprecisionagriculture.org, la lettre est notamment signée par de nombreux prix Nobel de médecine, mais également de chimie et de physique dont quatre Français : Claude Cohen-Tannoudji (physique), Roger Guillemin (médecine), Serge Haroche (physique) et Jean-Marie Lehn (chimie). Parmi les étrangers les plus connus figure le Britannique James Watson qui a découvert la structure de l'ADN.
Pour Greenpeace, les preuves d'efficacité manquent
Pour les prix Nobel, ce riz rouge génétiquement modifié a "le potentiel de réduire ou d'éliminer la plupart des décès et maladies" causés par une carence en vitamine A, dont souffrent 250 millions de personnes dans le monde et notamment 40% d'enfants de moins de 5 ans dans les pays en développement. "L'opposition basée sur l'émotion et le dogme et contredite par les faits doit être stoppée", concluent-ils.
Greenpeace, qui a été le "fer de lance de l'opposition" contre le riz doré enrichi en vitamine A, voit les choses d'une tout autre manière. L'ONG a réagi à la lettre et rejeté les accusations concernant le riz doré, soulignant que selon l'Institut international de recherche sur le riz, son efficacité pour combattre la carence en vitamine A "n'avait pas été prouvée", rapporte l'AFP.
"Les sociétés font le forcing sur le riz doré pour ouvrir la voie à une approbation globale d'autres cultures génétiquement modifiées plus rentables", ajoute l'organisation écologiste qui estime que la "seule solution garantie" pour régler le problème de la malnutrition est "une alimentation saine diversifiée".