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Choix alimentaires : l’anatomie du cerveau aux commandes ?

Une étude internationale suggère que jeter son dévolu sur des aliments sains ou au contraire sur des aliments mauvais pour la santé serait en partie lié à la structure du cerveau.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
©123RF/feiguxi

Vous le savez bien : ce serait mieux pour vous de manger une pomme pour combler ce petit creux et tenir jusqu’au dîner. Vous le savez et pourtant vous optez quand même pour un éclair au café. Un manque de volonté manifeste ? Peut-être. Mais peut-être, aussi, que la façon dont votre cerveau est fait y est pour quelque chose.

Choisir des aliments vertueux pour la santé est un combat quotidien pour beaucoup. Et nous ne serions pas tous égaux face à ce défi. Une étude conduite par une équipe de chercheurs Inserm, CNRS Sorbonne Université et Institut du Cerveau et de la Moelle (ICM) a établi un lien entre l’anatomie de certaines régions du cerveau et la capacité de contrôle lors de choix alimentaires. Ces résultats ont été publiés dans la revue The Journal of Neuroscience le 4 Juin 2018.

Brocolis ou barre chocolatée ?

Quelle différence y a-t-il entre le cerveau de quelqu’un de "raisonnable" à table et un incorrigible gourmant, incapable de résister à la tentation ? Pourquoi certains sont-ils incapables de tenir un régime, alors que la chose semble tout à fait naturelle pour d’autres ? "Nous nous sommes intéressés aux différences individuelles pouvant être en lien avec la capacité de self-control pendant un choix alimentaire", explique Liane Schmidt, chercheuse Inserm à l’ICM, qui a participé à l’étude. Les chercheurs ont analysé les données d’imagerie cérébrale (l'IRM stucturelle a été utilisée) issues de quatre études portant sur la prise de décision alimentaire. "Durant chaque expérience,  les participants voyaient apparaître des aliments sains (comme par exemple du brocolis) et moins sains (par exemple, une barre chocolatée) et ils devaient évaluer, sur une échelle de 1 à 4 leur envie de les manger. Tous les volontaires avaient jeûné au moins 4 heures et avaient faim. Nous avons pu ainsi, par comparaison, évaluer le self-control de chacun." Les scientifiques avaient préalablement pris soin de s’enquérir des goûts et préférences des participants, qui constituaient un biais important dans leurs choix.

Lien entre matière grise et appétence pour aliments sains

Les chercheurs ont ensuite étudié les variations de la quantité de matière grise du cerveau (la quantité de neurones) des participants. Ils se sont spécifiquement focalisés sur deux régions cérébrales : la région dorso-latérale préfontale (dlPFC) – qui régit la régularisation des décisions – et la région ventro-médiale préfontale (vmPFC), en charge de l’attribution des valeurs. "Nous avons pu montrer que les personnes qui avaient plus de matière grise dans ces deux régions avaient davantage d’appétence pour les aliments qu’ils considéraient comme sains. Leurs prises de décision étaient moins basées sur le goût de la nourriture", rapporte Liane Schmidt.

Le lien mis en évidence est un simple lien de corrélation, et non de causalité. "Nous ne savons pas encore si c’est une plus grande quantité de matière grise dans ces zones cérébrales-clés qui favorise de meilleurs choix alimentaires ou l’inverse. Peut-être que les personnes qui sont plus dans le contrôle, prêtent plus attention au contenu de leur assiette à un moment donné "fabriquent" plus de neurones dans ces mêmes zones", admet la chercheuse.

Pas de déterminisme biologique

Si la neuro-anatomie entre certainement en jeu dans la façon de manger, elle ne constitue en aucun cas une fatalité. "Le cerveau est plastique, il change tout au long de la vie", rappelle Liane Schmidt. Ces résultats suggèrent au contraire qu’il est peut-être possible d’entraîner son cerveau à de meilleurs choix….avec plus ou moins de succès : les échecs à tenir des régimes restrictifs sur la durée montrent bien que le contrôle est difficile à acquérir. "Il serait d'ailleurs intéressant, lors de futurs travaux, d’essayer d’établir si ces différences anatomiques peuvent aider à prédire l’arrêt des régimes", avance la  scientifique. Ces résultats ouvrent des perspectives pour, à terme, le traitement de troubles alimentaires associés à une perturbation du contrôle alimentaire, comme la boulimie ou l’anorexie.

 

 

 

 

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