Compléments alimentaires : utiles ou dangereux ?
Retrouver une mémoire d'éléphant, avoir un ventre plat, bronzer avant l'heure... Les promesses des compléments alimentaires sont alléchantes. Ces produits ont inondé les rayons des parapharmacies ces dernières années. Mais existe-t-il des risques à les consommer et comment en mesurer l'efficacité ?
Compléments alimentaires : une législation trop laxiste ?
Renforcer ses défenses naturelles, retrouver le sommeil, préserver la jeunesse de sa peau ou booster sa libido… Les compléments alimentaires promettent beaucoup de choses et remportent un réel succès. Un Français sur deux en consomme et sept fois sur dix, cette consommation répond à une attente santé. En tout, 80 millions de boîtes sont vendues chaque année en France.
En France, la législation distingue très clairement les médicaments des compléments alimentaires. Ces derniers ne sont pas soumis à une autorisation de mise sur le marché et sont vendus sans ordonnance. Une législation jugée laxiste par certains professionnels de la santé, comme le Pr Alain Astier, chef du service pharmacie de l'hôpital Henri Mondor, mettent en garde les consommateurs : "Certains compléments alimentaires peuvent être dangereux parce qu'en général, ce sont des produits dérivés des plantes, et toutes les plantes ne sont pas anodines contrairement à ce que l'on veut bien penser. Par exemple, le millepertuis est une plante classique, une fleur qu'on utilise comme traitement de la dépression, qui est présentée comme tel et qui donne énormément de problèmes notamment d'interactions avec des médicaments. Ce sont donc des produits dangereux".
Des produits dangereux et dont l'efficacité n'est jamais garantie : "Pour un médicament, il y a une autorisation de mise sur le marché, il y a un dossier qui certifie la qualité du produit… Mais pour un complément alimentaire, il n'y a rien de cela. Il n'y a pas de composition clairement identifiée et il n'y a pas du tout de preuve d'efficacité, on se base sur des théories, un usage pratique ancien avéré… Il n'y a aucune démonstration d'efficacité".
Les allégations santé présentes sur les boîtes doivent cependant être validées par l'Agence européenne de sécurité alimentaire. Mais pour vanter toujours plus les mérites de leurs produits, certains fabricants ont trouvé une parade : le dispositif médical. Une pratique dénoncée par Que Choisir, une association de consommateurs : "Le seul fait qu'il soit dispositif médical au lieu de complément alimentaire l'affranchit d'apporter quelle que preuve que ce soit", souligne Fabienne Maleysson, journaliste.
En France, le secteur des compléments alimentaires est en pleine croissance. Chaque année, il représente environ 1,5 milliard d'euros.
Mieux avec ou sans complément alimentaire ?
Vitamines, protéines, acides gras, anti-oxydants, oligo-éléments… Thierry, 46 ans est un adepte des compléments alimentaires depuis 15 ans. Des produits qu'il trouve sur Internet. Au total, Thierry prend plus de six gélules par jour. Il pratique ce que l'on appelle l'automédication. Ses besoins journaliers, il les évalue seul, sans l'avis d'un médecin. Mais peut-on vraiment en faire une consommation journalière sans risques ?
Compléments alimentaires : identifier les besoins à combler
En quelques années, les gélules dédiées au bien-être ont envahi les rayons des pharmacies. En France, chaque année, environ 80 millions de boîtes de compléments alimentaires sont vendues. En 2009, un Français sur deux avait eu recours à des compléments alimentaires et sept fois sur dix, cette consommation répondait à une attente santé.
Les compléments alimentaires sont vendus sans ordonnance mais ce ne sont pas des médicaments. Ils se situent entre le médicament et l'aliment. D'ailleurs, ils ne contiennent pas de substances ayant des propriétés curatives.
Sans effets pharmacologiques, les compléments alimentaires ne permettent ni de prévenir, ni de soigner des maladies. Mais ils pallient toute insuffisance et agissent sur le bien-être, la forme, la beauté des cheveux et des ongles, le tonus, ou encore le stress et le sommeil. Certaines personnes ne peuvent d'ailleurs plus se passer de leurs compléments alimentaires.
Mais même s'ils sont en vente libre, les compléments alimentaires peuvent avoir des effets indésirables. Pour s'y retrouver et prendre les compléments les plus appropriés à ses besoins, mieux vaut donc consulter son médecin.
Un danger mal évalué ?
Si l'achat de compléments alimentaires ne nécessite pas de prescription médicale, ils ne sont pas pour autant des produits anodins. Ils peuvent contenir des substances très actives et avoir des effets secondaires non négligeables. C'est le cas du Citrus aurantium, plus connu sous le nom d'orange amère.
"Le citrus aurantium est une plante qui permet d'être détendu, d'avoir un sommeil profond… C'est une plante très douce que l'on peut conseiller aux personnes plus sensibles comme les personnes âgées ou aux personnes fatiguées", explique Michel Pierre, herboriste.
Le problème, c'est que l'on retrouve souvent le citrus aurantium dans des compléments alimentaires non pas pour dormir, mais pour perdre du poids. Une indication pour le moins surprenante selon le Pr Astier, professeur de pharmacie : "Pour maigrir, on vous conseille une association caféine et écorce d'orange amère sous forme de gélule. Les consommateurs de ces gélules espèrent maigrir avec ces compléments. Mais en réalité, ils ne sont pas très efficaces et ils ont de nombreux effets indésirables".
Le citrus contient en effet une substance active appelée la para-synéphrine. Une fois ingérée, elle peut provoquer un rétrécissement des bronches et une vasoconstriction, c'est-à-dire un resserrement des vaisseaux sanguins. Le résultat : une élévation de la tension artérielle et une diminution du rythme cardiaque. Le Pr Astier met donc en garde contre la consommation de ce produit : "Il peut y avoir des accidents notamment chez les personnes cardiaques, chez les personnes obèses, les personnes qui veulent faire du sport… Ce produit est donc loin d'être anodin. Ce n'est pas parce que le produit est dérivé d'une sorte d'orange qu'il n'est pas dangereux".
L'Anses, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, a enregistré 18 cas d'effets indésirables susceptibles d'être liés à la prise de ces produits. Elle déconseille les compléments alimentaires à base de citrus pour les personnes à risque.
Les fausses promesses des pilules autobronzantes
Préparer, accélérer, stimuler, sublimer... Ce sont les promesses des fabricants de ces compléments alimentaires. Mais ces petites pilules, si elles colorent légèrement la peau, sont-elles aussi efficaces que la mélanine naturelle pour faire barrière contre les UV ? Ces pilules auto-bronzantes peuvent-elles renforcer les défenses naturelles de notre peau ?
Des compléments minceur à effet placebo
Compléments alimentaires ou médicaments, les pharmacies pullulent de produits sensés aider à perdre du poids, mais si leur efficacité est très variable, tous peuvent finalement coûter cher, pour le porte-monnaie comme pour la santé.
Lors du Congrès international sur l'obésité de Stockholm (11-15 juillet 2010), la question des compléments alimentaires vendus en parapharmacie a été vite évacuée : "économisez votre argent, c'est la seule chose que vous allez perdre", martèle Judith Stern, professeur de nutrition et de médecine interne à l'Université Davis de Californie.
Deux études présentées à l'occasion du congrès montrent en effet l'inefficacité des compléments alimentaires.
"Il y a des tas de compléments minceur promettant une perte de poids sous l'action de toutes sortes de mécanismes (...) le marché est immense, mais contrairement aux médicaments réglementés, leur efficacité n'a pas à être prouvée", explique Thomas Ellrott, directeur de l'Institut de nutrition et de psychologie à l'Université de médecine de Göttingen (Allemagne).
Son enquête prouve que sur les neuf compléments alimentaires étudiés proposant neuf principes - prétendument actifs - différents, "pas un seul n'a été plus efficace que des pilules placebo pour obtenir une perte de poids sur la période étudiée de deux mois".
Et pourtant, le marché est très lucratif. "Les ventes mondiales annuelles de compléments diététiques sont nettement supérieures à 13 milliards de dollars (10 milliards d'euros)", souligne Igho Onakpoya, de l'Université d'Exeter et Plymouth (Grande-Bretagne), qui a effectué une analyse systématique de tous les comptes rendus existants d'essais cliniques de compléments alimentaires. "Les gens pensent que ces suppléments sont un moyen rapide pour perdre du poids et sont prêts à dépenser des fortunes, mais ils risquent d'être déçus, frustrés et déprimés".
Pour une aide efficace vendue en pharmacie, il vaut mieux se tourner vers les médicaments réglementés en vente sur prescription médicale. Mais attention aux effets secondaires des principes actifs. Il faut dans ce cas un strict suivi médical.
De plus, les patients sont souvent victimes de leurs espérances", regrette Luc van Gaal, de l'université d'Anvers (Belgique). "Si le patient n'est pas content parce que cela ne va pas assez vite ou parce qu'il veut aller encore plus loin, il fait des expérimentations, double les doses... Et là il y a un risque grave pour la santé", explique le chercheur, laissant entendre qu'il est possible de se procurer illégalement ces médicaments sans ordonnance.
Source : AFP
Compléments alimentaires sur Internet : attention, danger !
De plus en plus de Français achètent leurs compléments alimentaires sur Internet. Pourtant 80% des produits proposés seraient inefficaces voire dangereux.
Sur Internet, des centaines de sites proposent des compléments alimentaires. Poudres amaigrissantes, gélules pour stimuler la prise de muscles ou favoriser les performances sportives… on trouve de tout et à tous les prix. Le Magazine de la santé a décidé de commander trois produits afin de les faire analyser : deux sont censés favoriser l'érection, le dernier la perte de poids. Des compléments alimentaires particulièrement prisés des internautes. Tous sont étiquetés 100% naturels.
Après avoir reçu les produits, nous avons apporté nos compléments alimentaires dans un laboratoire spécialisé. La poudre contenue dans nos gélules a tour à tour été extraite, pesée, mélangée à des solvants et agitée dans un bain à ultrasons. Un dernier tour de centrifugeuse et le produit est prêt à être analysé.
Les compléments alimentaires ont ensuite rejoint ensuite le sous-sol du laboratoire. Leur composition a été analysée en détail par une machine appelée spectromètre. Quelques heures plus tard, les résultats tombent et le moins que l'on puisse dire, c'est que les gélules amincissantes sont loin d'être 100% naturelles comme le confirme Myriam Malet-Martino, professeure de chimie à l'université Paul Sabatier (Toulouse) : "On retrouve deux médicaments. Parmi eux, la sibutramine qui est un coupe-faim et qui est un médicament interdit à la vente depuis 2010. Il y a eu des décès qui ont amené l'Agence européenne du médicament à retirer ce médicament du marché. Le deuxième médicament que l'on retrouve est un laxatif (la phénolphtaléine) qui lui aussi a été retiré du marché".
Et du côté des compléments alimentaires pour l'érection, les résultats sont tout aussi alarmants : "Dans un des compléments alimentaires, censé être 100% naturel, on trouve en réalité du Viagra® et également un autre médicament utilisé contre le dysfonctionnement érectile qui est le Cialis®", constate Myriam Malet-Martino. Du Viagra® et du Cialis® qui peuvent s'avérer extrêmement dangereux notamment en interaction avec certains médicaments pour le cœur. Le dernier complément alimentaire analysé contient une molécule proche de celle du Viagra®, mais qui n'a jamais été autorisée à la vente, ni même testée sur l'homme.
Pourquoi ces compléments alimentaires ne sont-ils pas interdits à la vente ? De quelle manière sont-ils contrôlés ? Pour le savoir, nous nous sommes rendus au service de la répression des fraudes. Chaque année, près de 4.000 compléments alimentaires sont contrôlés et 80% de ceux venant d'Internet sont frauduleux. Pourtant, ils ne seront pas tous retirés du marché. "Si le site Internet est français, il sera assez simple pour nous de faire retirer le produit du marché français. S'il est européen, cela sera un peu plus compliqué mais il existe des relations qui sont organisées. En revanche, si le site est caché et est international, cela sera très compliqué pour nous de le retirer du marché. C'est pourquoi tout repose sur le consommateur, l'acheteur. Il faut que les acheteurs de compléments alimentaires ne le fassent pas n'importe comment", explique Marie Taillard, chargée de communication à la DGCCRF.
Malgré ces mises en garde, le business des compléments alimentaires semble avoir de beaux jours devant lui. Chaque année, ce sont plus de 500 nouveaux produits qui font leur apparition sur le marché français.