Aventures de médecine : manger mieux pour vivre mieux
Le surpoids est un enjeu majeur de santé publique qui concerne aujourd'hui un Français sur deux. L'obésité, un sur six ! Face à cette hécatombe, la médecine a fait des progrès considérables depuis le XIXe siècle et propose désormais des chirurgies de l'appareil digestif efficaces pour perdre du poids. Dans ce numéro d'Aventures de médecine à suivre mardi à 20h55 sur France 2, Michel Cymes explore en même temps l'histoire de la médecine et de la nutrition.
Le combat de Shirel et Didier contre l'obésité
Dans ce numéro d'Aventures de médecine, Michel Cymes accompagne Shirel et Didier, deux personnes confrontées à l'obésité.
Shirel, 14 ans, 96 kg vient d'entrer à l'hôpital pédiatrique de Bullion en région parisienne, dans un service spécialisé dans l'accompagnement des jeunes obèses.
Elle a sept mois pour apprendre à faire du sport, à s'alimenter de façon équilibrée et surtout pour tenter de reprendre confiance en elle.
Un défi que la jeune fille s'est lancée à elle-même avec une volonté hors du commun.
Didier, 53 ans, 132 kg est à la veille d'une chirurgie de by-pass (réduction de l'estomac et court-circuit intestinal) qui constitue son dernier espoir de survie.
Il a tenté tous les régimes, mais sans succès. Quand il a frôlé la crise cardiaque à cause d'un excès de graisse dans les artères, il a compris qu'il n'avait plus le choix. Soutenu par sa femme et ses deux fils, il va devoir affronter une chirurgie et réapprendre à manger raisonnablement. Un sacré pari pour ce restaurateur amateur de bonne chère !
Dans la cuisine de Michel Guérard, chef étoilé fondateur de la "cuisine santé", Michel Cymes apporte aussi des solutions pour manger plus sainement tout en continuant à se faire plaisir.
Sauce béarnaise sans beurre, vinaigrette allégée en huile, dessert sans sucre… Autant de recettes qui sont aussi de bonnes occasions de décrypter le fonctionnement du corps. Pour mettre en évidence les conséquences de l'obésité : l'excès de gras qui bouche les artères et favorise les maladies cardiovasculaires, le sucre en excès qui se transforme en graisse et suit le même processus… Mais aussi pour démontrer pourquoi les régimes ne fonctionnent pas.
Quand l'histoire éclaire le présent
Le surpoids est un mal de notre siècle. Mais sait-on exactement quand il a fait son apparition dans l'humanité ? Pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, Michel Cymes se rend au Musée de l'Homme, à Paris. En compagnie d'Alain Froment, paléo-anthropologue, il nous plonge dans le passé pour découvrir comment, depuis les premiers hommes, notre mode de vie a façonné notre silhouette.
En observant les mâchoires de nos ancêtres, on comprend l'influence du mode de vie sur l'alimentation et donc sur l'évolution du physique… Pourquoi les Néandertaliens mangeaient beaucoup de viande, étaient forts et trapus pour résister au froid et courir après leur nourriture. Mais aussi pourquoi la sédentarisation des homo sapiens et l'apparition des céréales et du lait dans l'alimentation coïncident avec les premières manifestations de surpoids.
La lutte contre l'obésité
Vous pensez que les régimes amincissants sont une invention récente des magazines féminins pour nous torturer à l'approche de l'été ? Pas du tout. Le premier régime été popularisé au XIXe siècle par un notable anglais obèse du nom de William Banting. Avec l'aide de son médecin, William Harvey, il a perdu du poids durablement et, grâce à un petit livre devenu très populaire, il a réussi à mettre toute l'Europe à la diète.
La chirurgie de l'obésité qui fait aujourd'hui partie de la prise en charge de routine (elle concerne 50.000 personnes) a vu le jour dans les années 50 dans le laboratoire américain du Dr Linner. Et ce, presque par hasard, puisque le chirurgien au physique de jeune premier consacrait son énergie à de toutes autres recherches…
Le diabète, maladie corollaire à l'obésité, est aujourd'hui une maladie chronique qui se soigne, mais jusque dans les années 20, on en mourait encore. Il a fallu toute l'ingéniosité d'un autre Banting, canadien cette fois, Frédéric Banting, pour que cela cesse. L'homme a tout sacrifié : sa maison, sa vie de famille, pour réussir à isoler la substance miracle que l'on connaît aujourd'hui sous le nom d'insuline et qui sauve chaque année 440 millions de diabétiques dans le monde.
Si les excès alimentaires sont nocifs, certaines carences le sont tout autant. C'est le cas de la carence en iode qui pendant des siècles a fait des ravages dans les populations montagnardes, donnant naissance à ceux que l'on a appelé les crétins des Alpes (à cause d'un déficit mental et d'un goitre impressionnant lié à cette carence).
Une carence qui a pu être compensée par un geste tout simple mais que l'on a mis un siècle à mettre au point : l'ajout d'iode dans le sel de table… une pratique qui perdure encore aujourd'hui comme chacun peut s'en rendre compte en observant sa salière !
Autre découverte primordiale dans l'histoire de la nutrition et de la santé : la conserve alimentaire. Elle a permis une alimentation plus équilibrée en facilitant la consommation de fruits et légumes tout au long de l'année. Mais elle a aussi permis de lutter contre les microbes présents dans la nourriture grâce à "l'appertisation", l'ancêtre de la pasteurisation. Et ce, dès le XVIIIe siècle, grâce à un révolutionnaire français : Nicolas Appert.
À l'ICAN, laboratoire de pointe de la Pitié-Salpêtrière, l'équipe de Karine Clément a réussi à créer un médicament efficace contre un certain type d'obésité génétique. Une seule femme en France a pu en bénéficier. Elle s'appelle Sarah, elle a perdu 50 kg et elle nous raconte comment cet essai clinique a changé sa vie.
Ce traitement ne s'adresse qu'à une toute petite partie des patients obèses. Pour les autres, l'ICAN est sur une autre piste très prometteuse : l'équipe a démontré que l'obésité est en rapport avec la flore intestinale et qu'en modifiant cette dernière on pouvait réussir à lutter contre le surpoids. Un nouvel espoir immense pour des milliers de patients en obésité morbide.