Oméga-3 et mortalité cardiaque : une faible protection
Les personnes affichant des taux sanguins élevés d'oméga-3 d'origine animale ou végétale apparaissent avoir un risque légèrement diminué de décéder d'une maladie coronarienne, comparés à ceux dont les taux sont moyens. Ces taux d'oméga-3 ne semblent toutefois pas diminuer le risque d'apparition de ces maladies coronariennes.
Durant des années, les oméga-3 (des acides gras polyinsaturés de profils chimiques voisins) ont été présentés comme un allié de choix pour limiter le risque de maladies coronariennes. Toutefois, les études appuyant cette affirmation portaient essentiellement sur des estimations a posteriori de la consommation, et non sur des enquêtes prospectives. Au début de la décennie, des synthèses d’études ont jeté de sérieux doutes sur la réalité des effets des oméga-3, qu’ils soient ingérés via l’alimentation ou sous forme de compléments.
Les résultats disponibles sont très contradictoires concernant l’impact des oméga-3 sur la mortalité cardiovasculaire. Concernant les risques de mort subite, d’infarctus ou d’accident vasculaire cérébral, les marges d’erreurs des résultats ne permettaient pas de statuer si ces acides gras jouaient le moindre rôle. Ce, en dépit de la participation de dizaines de milliers de sujets dans les études…
Le 27 juin 2016, la revue Jama International Medicine apporte une contribution notable au débat sur les bénéfices des acides gras, sous la forme d’une synthèse critique de 19 études épidémiologiques portant sur un total de 45.637 individus, dans 17 pays. Ces études intégraient toute des mesures des taux sanguins de plusieurs types d’oméga-3 d’origine alimentaire (poisson et végétaux). Cette précaution méthodologique a permit de diminuer l’incertitude statistique qui entachait les travaux antérieurs.
Une corrélation a été mise en évidence entre des taux élevés d’oméga-3 (par rapport à la moyenne) et une incidence très légèrement plus faible de décès liés à des maladies coronariennes [1]. La corrélation n’est en revanche pas identifiée pour les infarctus non mortels, suggérant que ces acides gras limitent la survenue des évènements les plus critiques.
Les chercheurs jugent possible que de hauts taux d’oméga-3 " puissent être, en partie, le témoin d’un mode de vie sain sur le long terme". Cependant, ils soulignent que leurs calculs prennent en compte une vaste gamme de facteurs de risques. En outre, des mécanismes biologiques identifiés de l’action des oméga-3 plaident en faveur d’un lien de cause à effet.
Source : ω-3 Polyunsaturated Fatty Acid Biomarkers and Coronary Heart Disease Pooling Project of 19 Cohort Studies. L. C. Del Gobbo et al. JAMA Intern Med. 27 juin 2016. doi:10.1001/jamainternmed.2016.2925
[1] Pour donner un ordre de grandeur, les chercheurs estiment que le groupe des 16% de personnes présentant les taux d’oméga-3 les plus élevés a une diminution du risque de mortalité cardiovasculaire au moins égale à 4% (oméga-3 d’origine animale) et à 2% (origine végétale), comparée aux personnes affichant des taux moyens.
Les oméga-3 sont naturellement présents en grande quantité dans la chair de certains animaux, et notamment celle de poissons gras tels que le saumon, les sardines, les maquereaux. Ces acides gras sont également produits par divers végétaux (forte teneur dans les huiles de colza, de soja, de noix...).