Alzheimer : l'arrêté interdisant la conduite aux personnes atteintes de troubles cognitifs fait débat
Début avril, un arrêté a interdit la conduite aux personnes atteintes souffrant des maladies d’Alzheimer et apparentées. Cette interdiction prend effet dès l’apparition des premiers symptômes.
Début avril, un arrêté a fait l’effet d’une bombe dans les associations de malades Alzheimer et apparenté. Les personnes atteintes de troubles cognitifs, même légers, ne peuvent plus conduire.
Dominique Lelièvre, 56 ans, est atteinte dune maladie neuro-dégénérative, la maladie à corps de Lewy. Elle va devoir se débarrasser de sa voiture, à contrecœur.
"J’ai dû faire 110 000 km sans le moindre accident, vous pouvez la voir, aucun accrochage, il n'y a pas de rayure, pas une bosse, elle n'a rien du tout. Pourtant, je vais devoir m’en séparer, ça va être un vrai problème", confie Dominique.
Pour les maladies d’Alzheimer et apparentées, comme celle de Dominique, il existe une nouveauté. La conduite est désormais interdite dès l’apparition des premiers symptômes.
"C’est votre vie qui s’arrête. Je vis seule à la campagne, dans un village de 650 habitants, on n'a pas de commerces, pas de services, aucun transport en commun… Comment je survis ?", s'inquiète Dominique.
Associations et médecins pris de court
Cet arrêté a pris de court les associations de patients, mais aussi les professionnels de santé.
"Il n’y a pas de raison d’empêcher de conduire dès le début de la maladie. Les patients n’ont pas tous la même évolution. C’est vraiment au cas par cas", explique le Pr Florence Pasquier, neurologue à l'hôpital Roger Salengro (Lille).
Une évaluation des capacités
Dans ce centre de rééducation, on examine les patients afin de déterminer s'ils sont capables de conduire ou non. Pour ce médecin, cet arrêté est une bonne chose. Il n’interdit pas formellement aux patients de conduire, mais les oblige à faire évaluer leurs capacités.
"Sur des cerveaux qui sont fragilisés par une maladie neurodégénérative, on ne sait pas comment va être leur temps de réaction et leur temps d’intégration des stimuli extérieurs. Il me paraît important d’évaluer la conduite automobile au moment du diagnostic et ça peut correspondre à ce qu’on appelle un stade léger", précise le Dr Agnès Thorn, gériatre et chef du service médecine physique et réadaptation au CH de Plaisir.
Pour préserver leur droit de rouler, les patients peuvent solliciter l’avis d’un médecin agréé par la préfecture.