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Amiante et cancers des ovaires : la difficile reconnaissance

L’amiante reste souvent associée au secteur très masculin du BTP et son rôle dans les cancers féminins n'est étudié que depuis peu. Alors pour faire reconnaître leur cancer comme maladie professionnelle, les femmes exposées à l'amiante se heurtent à de nombreuses difficultés.

Charlotte Rothéa
Rédigé le , mis à jour le
L'amiante à l'origine de certains cancers des ovairesreportage amiante cancer ovaire larynx  —  Le Mag de la Santé - France 5

Marie-Josée a été diagnostiquée d’un cancer de l’ovaire il y a trois ans. La cause génétique a rapidement été écartée. Elle pense tout de suite à l’amiante car pendant 15 ans, cette enseignante y a été exposée quotidiennement. 

Cette exposition répétée à l’amiante pourrait, selon elle, être la cause de son cancer. En parallèle, elle a développé des plaques pleurales : une pathologie pulmonaire fréquemment associée à l’amiante. Ce sont autant de raisons pour Marie-Josée de constituer un dossier d’indemnisation. 

Des médecins peu sensibilisés aux femmes victimes

Mais elle se heurte à des médecins peu sensibilisés aux cas de victimes féminines de l’amiante. Dans son parcours de la combattante, Marie-Josée est épaulée par une association. 

Et au-delà l’aspect psychologique, être reconnue victime pourrait l’aider concrètement. "Le traitement de Marie-Josée abîme les yeux, les oreilles. Il faut se payer les lunettes, les appareils auditifs. La maladie professionnelle permet aussi aux personnes de se faire rembourser", explique Nathalie Laclau, présidente de l'association des victimes de l'amiante dans les locaux de l'éducation.

Malgré les preuves constituées, Marie-Josée a essuyé un premier refus par le fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (FIVA).   

Un lien enfin reconnu par l'Anses

Mais sa nouvelle tentative pourrait être la bonne. Dans un rapport, l’Anses reconnaît un lien entre amiante et cancer de l’ovaire et préconise la création d’un tableau de maladie professionnelle pour aider les victimes.

"Aujourd’hui, elles doivent démontrer le lien entre leur exposition professionnelle et leur maladie. Grâce à ces tableaux, elles n’auront plus à le faire. À partir du moment où elles rempliront les conditions, les critères indiqués dans le tableau, leur reconnaissance sera immédiate et systématique"
, commente Alexandra Papadopoulos, coordinatrice scientifique du groupe de travail "Maladies Professionnelles" à l'Anses.

Ce rapport est aussi adressé aux médecins pour qu'ils prennent davantage en compte cette problématique.

"Nous n'aurons jamais de preuve"

"Il faut qu’on soit vigilants et qu’on creuse l’interrogatoire pour essayer de retrouver des facteurs de risque, pour essayer de pouvoir établir un lien entre amiante et cancer de l’ovaire", précise la docteure Eva Marchand, gynécologue-oncologue à l'hôpital Lariboisière.

"Malheureusement, nous n'aurons jamais de preuve que c’est l'amiante qui est responsable du cancer de l’ovaire, puisque nous n'avons pas, à l’heure actuelle, de marqueurs biologiques ou de preuves sur la tumeur qu’il y a eu une exposition à l'amiante. Ce sera toujours supposé"
, poursuit-elle.

Chaque année, en France, entre 60 et 70 cas de cancer de l’ovaire seraient attribuables à l’amiante.

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