Apesanteur : quels sont les effets de l'espace sur le corps des femmes ?
Elle s'appelle Samantha Cristoforetti. Bien moins connue que Thomas Pesquet, c’est aussi une star de l’espace. En 2022, elle sera la première femme européenne à prendre les commandes de la Station Spatiale Internationale.
Le métier reste très masculin mais tend à se féminiser. Le problème est que les données des effets de l’impesanteur sur les femmes sont quasi-inexistantes. Pour y remédier, une étude étonnante a eu lieu à la Clinique Spatiale de Toulouse. C'est une première européenne.
Plongée 5 jours dans une baignoire
Être un poids plume, c'est une banalité à plus de 400 kilomètres au-dessus de nos têtes dans la Station Spatiale Internationale. Pour savoir si les hommes et les femmes réagissent de la même façon à l’impesanteur, il faut revenir sur Terre.
La microgravité y est possible grâce à cette baignoire. Le corps de Claire, bien au sec dans une bâche, est plongé dans l’eau, sans aucun appui.
"Il y a vraiment une impression de flottaison, parce qu’on est quand même complètement immergé, on est dans l’eau. Après, je peux bouger, je pourrais bouger mais le principe de ce test est de rester un maximum immobile", explique Claire Burgain, 39 ans.
Au menu, il y a des côtelettes du Gers sur son champ de pommes de terre grenailles et enfin des délices du soleil… Il faut une dose d’humour pour mieux vivre cette plongée de cinq jours.
Claire n’est pas astronaute, elle participe à une étude scientifique. C'est une première en Europe, pour comprendre comment le corps des femmes fonctionne dans l’espace.
"Il y a très peu d’études qui sont faites chez les femmes, or on sait qu'on aura de plus en plus d’astronautes femmes en vol. Il faut absolument étudier les effets de la micropesanteur sur l’organisme féminin pour essayer ensuite de les prévenir. La durée est relativement brève, c’est cinq jours, mais néanmoins c’est un modèle qui produit des effets intenses et rapides sur l’organisme humain et c’est en ça qu’il est intéressant", commente Marie-Pierre Bareille, responsable de la clinique spatiale à l'Institut de Médecine et de Physiologie Spatiales.
Etudier le corps des femmes en impesanteur
20 femmes ont accepté de prêter leurs corps à la science. Leurs modifications physiologiques sont étudiées avant, pendant et après leur alitement.
"Anne-Sophie va commencer l’immersion dans deux jours, on regarde comment son muscle se contracte à la fois en vitesse et en intensité", explique le Dr Rebecca Billette de Villemeur, médecin en recherche spatiale à l'Institut de Médecine et de Physiologie Spatiales (31).
Masse musculaire, densité osseuse, circulation sanguine, métabolisme… En impesanteur, l’organisme s’adapte. Ces médecins observent déjà une différence entre homme et femme.
"Il semblerait que les femmes résistent moins bien à la façon dont le corps fait monter le sang vers le cerveau quand elles se mettent debout. On sait aussi qu’elles auront tendance à avoir moins de modifications ophtalmo que les hommes chez qui il y a une perte d’acuité visuelle…", précise le Dr Rebecca Billette de Villemeur.
Observer les effets de la sédentarité
Pour Claire, c’est le dernier jour du voyage. Certains effets étonnants sont déjà visibles après seulement quatre jours en microgravité.
"Je suis passée d’1m67 allongée à 1m70. Ça ne va pas durer… La masse musculaire a un peu fondu et puis je sens que mon corps n’est vraiment pas fait pour être en position allongée", conclut Claire.
Grâce à ces volontaires, les vols spatiaux seront peut-être moins traumatisants pour le corps des femmes. Les médecins en sauront plus sur les conséquences de la sédentarité humaine.