Conflit d'intérêts : un conseiller de l'Élysée dans la tourmente
Accusé par Mediapart d'avoir "travaillé en cachette pour des laboratoires pharmaceutiques" alors qu'il était membre de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), Aquilino Morelle, proche conseiller de François Hollande, s'était défendu le 17 avril 2014 de tout "conflit d'intérêts". Selon lui, l'Igas l'avait autorisé à cumuler ces activités. L'institution a démenti l'existence d'une telle autorisation. A midi, M. Morelle annonce à l'AFP sa démission de conseiller de l'Elysée.
"A aucun moment je n'ai été en situation de conflit d'intérêts", avait assuré le 17 avril 2014 Aquilino Morelle, également chef du Pôle communication de l'Elysée, dans un long droit de réponse à Mediapart publié sur sa page Facebook.
Il jure avoir "respecté toutes les règles et toutes les procédures, en particulier le passage devant la Commission de déontologie" de la fonction publique d'Etat. Celle-ci avait rendu, selon lui, "un avis favorable, sans aucune réserve" quand il entendait rejoindre en 2002 le célèbre cabinet de lobbying Euro RSCG. Il devait y travailler pour le compte de plusieurs groupes pharmaceutiques, parmi lesquels le laboratoire étasunien Lilly qu'il continuera de conseiller à titre privé.
Rappelant qu'il est "docteur en médecine, ancien interne des hôpitaux de Paris et ancien élève de l'ENA" mais aussi "inspecteur général des affaires sociales", Aquilino Morelle fait valoir qu'"en tant que fonctionnaire, un certain nombre d'activités annexes sont autorisées par la loi, dont l'enseignement et le conseil".
Aucune déclaration à l'Igas
En 2007, alors qu'il rédige un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur les programmes d'accompagnement des patients financés par les entreprises pharmaceutiques, il aurait parallèlement œuvré, selon Mediapart, pour le laboratoire danois Lündbeck. Il aurait alors organisé pour cette société deux rendez-vous avec le Comité économique des produits de santé (CEPS) qui fixe le prix des médicament et les taux de remboursement.
"Ces activités ont dû être déclarées à l'Igas", a expliqué le conseiller politique de François Hollande qui indique toutefois ne pas avoir "retrouvé la trace de cette démarche en dépit de (ses) recherches" et invoque "des faits anciens".
Selon Mediapart, une autorisation a bien été délivrée à l'époque à Aquilino Morelle par l'Igas, mais celle-ci ne portait que sur des cours à l'université. "Aucune autre autorisation n'a été retrouvée" pour cette collaboration avec le laboratoire", détaillent les journalistes. Vendredi 18 avril 2014, l'Igas a confirmé à la presse ne pas avoir trace d'autorisations pour des activités avec des laboratoires pharmaceutiques délivrées à Aquilino Morelle.
"Le service n'a retrouvé dans les archives que les autorisations portant sur une activité d'enseignement à l'université Paris I", a indiqué l'Igas à l'AFP, précisant que, plus généralement, "il n'y a pas eu de demande d'autorisation portant sur les activités d'expertise ou bien de consultation au bénéfice de l'industrie pharmaceutique dans les années récentes".