Les prothèses mammaires sous la loupe des chercheurs
L'Inserm lance aujourd'hui une grande étude baptisée LUCIE afin de suivre 100.000 femmes portant ou ayant porté des implants mammaires de toutes marques. Les résultats de cette enquête épidémiologique qui se déroulera sur dix ans permettront d'évaluer l'incidence des effets indésirables liés aux prothèses PIP à moyen et long terme.
L'affaire des prothèses frauduleuses PIP est sans conteste l'un des plus grands scandales sanitaires de ces dernières années. Fin 2009, une augmentation anormale du nombre de ruptures de prothèses mammaires de la marque Poly Implant Prothèse (PIP) mettait en alerte les autorités sanitaires qui allaient bientôt découvrir que la société fabriquant les implants dans le Var utilisait un gel de remplissage frauduleux et non conforme. De 2009 à aujourd'hui, 20.000 des 30.000 Françaises porteuses des ces implants mammaires optaient pour un retrait préventif de leurs prothèses et l'examen des implants PIP explantées révélait qu'un quart environ de ces dispositifs médicaux était défectueux.
Prothèses mammaires : quels effets délétères ?
Aujourd'hui cependant, les données relatives au possible effet délétère de ces prothèses manquent cruellement.
"Seules quelques études, qui n'ont pas recruté plus de 1.000 personnes au total, ont été effectuées au sujet des prothèses PIP, sans apporter de résultats probants", estime Florent De Vathaire Directeur de recherche à l'Inserm spécialisé dans l'épidémiologie des cancers.
Certes l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) publie régulièrement une synthèse des données issues des déclarations d'incidents liés aux prothèses PIP, rapportées notamment par les médecins et les patientes. Mais au-delà du caractère défectueux de ces prothèses mammaires, seule une vaste étude épidémiologique permettrait de documenter leurs effets indésirables potentiels.
Prothèses mammaires : mieux évaluer le risque
A la demande de l'ANSM, l'Inserm a donc lancé ce vendredi 11 juillet 2014 une vaste enquête qui recrutera 100.000 femmes portant ou ayant porté des implants mammaires en silicone de toutes marques et ayant été opérées en France. Les prothèses remplies de liquide physiologique ne seront pas concernées. L'enquête nationale, nommée LUCIE durera dix ans et devrait inclure les 30.000 porteuses et ex-porteuses de prothèse PIP.
La mise en place de cette cohorte se fera sur les trois années à venir. Les personnes recrutées répondront à des questionnaires portant sur une période pouvant remonter jusqu'à 2001. Des résultats intermédiaires pourront donc sans doute être rendus d'ici deux ans et tout au long des 10 ans à venir.
Les données recueillies vont permettre de connaître l'état de santé des femmes ayant porté des implants mammaires en gel de silicone et d'étudier s'il existe un lien éventuel entre les événements de santé déclarés (cancer du sein ou autres événements indésirables comme des réactions allergiques cutanées ou des ruptures de prothèses) et le port des prothèses mammaires PIP.
Les résultats devraient ainsi permettre d'évaluer et décrire les effets indésirables liés au port d'implants mammaires PIP.
"Au-delà du scandale sanitaire des prothèses frauduleuses, l'enquête pourrait nous permettre de mieux comprendre d'autres relations et notamment pourquoi les femmes porteuses de prothèses, toutes marques confondues, ont en moyenne un diagnostic de cancer du sein plus tardif que leur congénères", précise Florent De Vathaire . Pour faciliter le recrutement des participantes, les chercheurs de l'Inserm ont mis en place un site Internet pour informer le public du déroulement de l'étude et diffuser ses résultats : Alarecherchedelucie.fr.