Logements mal chauffés : quelles conséquences pour la santé ?
Les personnes qui ont du mal à se chauffer, faute de moyens, sont plus exposées à certaines maladies que le reste de la population. C'est la conclusion d'une étude menée par la Fondation Abbé Pierre sur près de 750 personnes. Explications avec Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre.
Sont définis comme se trouvant en situation de précarité énergétique, les personnes confrontées à des factures d'énergies trop importantes pour leur budget, et qui peuvent se retrouver en situation d'impayés, de coupures d'énergie ou dans l'impossibilité en hiver de se chauffer correctement.
En comparant un groupe de personnes exposées à la précarité énergétique et un groupe non exposé, des différences de santé ont été constatées, a mis en avant l'étude(1).
Des maux de tête, ainsi que des problèmes de santé chroniques respiratoires (bronchites), ostéo-articulaires (arthrose), ou neurologiques (dépression) apparaissent plus fréquemment dans le groupe des personnes exposés, note l'étude, même après prise en compte de l'âge, le niveau de pauvreté et le tabagisme.
De même, l'étude des pathologies aiguës montre une plus grande sensibilité aux pathologies hivernales, comme les rhumes et les angines, la grippe ou les gastroentérites, avec des symptômes plus fréquents (sifflements respiratoires, crises d'asthme, nez qui coule ou irritations oculaires).
Enfin, les personnes exposées à la précarité énergétique ont une perception de leur santé moins bonne que les personnes qui n'y sont pas exposés, note l'étude.
Ils sont aussi plus nombreux à vivre sous le seuil de pauvreté, et à avoir des logements plus anciens, moins ventilés et isolés. Les radiateurs électriques sont le principal mode de chauffage des personnes en situation de précarité énergétique, qui sont plus nombreux à ne pas chauffer certaines pièces comme les chambres, à trouver qu'il fait trop froid chez eux en hiver et que leur facture d'énergie est trop importante par rapport à leurs ressources.
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(1) L'étude a été menée par le Centre Régional pour l'Enfance et l'Adolescence Inadaptées - Observatoire de la Santé (CREAI-ORS) de Languedoc-Roussillon sur des populations de l'est de l'Hérault et de la région de Douai. Au total, 362 logements et 750 personnes ont participé à l'enquête. Cette étude intervient dans le cadre d'un colloque de la Fondation Abbé Pierre intitulé "Quand le logement rend malade", organisé jeudi 12 décemvre 2013 au Conseil économique, social et environnemental (Cese) à Paris.