Maladies mentales : une marche contre les préjugés
Les troubles psychiques concerneraient un Français sur cinq. Dépression, troubles de l'humeur ou de la personnalité, ces pathologies sont encore aujourd'hui fortement stigmatisées car elles se caractérisent par des difficultés à participer aux échanges liés à la vie sociale. Ce samedi 14 juin 2014, une dizaine d'associations d'usagers de la santé mentale, des patients psychiatriques, leurs proches ainsi que du personnel soignant se sont emparés de la rue pour faire entendre leur "ras-le-bol".
Marre d'être isolés, montrés du doigt... Les patients atteints de maladie psychiatrique ne veulent plus se cacher. C'est pourquoi ce samedi 14 juin 2014 ils ont défilé dans les rues. Ce rassemblement est appelé la Mad Pride, traduction la "marche des fous".
Née au Canada dans les années 1990, le mouvement s'est mondialisé. Après l'Angleterre et l'Italie, c'est une première en France. Objectif : faire tomber les préjugés liés aux troubles psychiatriques. Car les préjugés sur les troubles psychiques restent tenaces. Selon un sondage Ipsos rendu public le 11 juin 2014, 42% des Français associent la maladie mentale à la folie. Pourtant dans le cas de la schizophrénie, neuf malades sur dix n'ont aucun problème de violence.
Les participants veulent donc être mieux intégrés mais en psychiatrie, l'argent fait défaut et le personnel soignant est parfois désarmé. La France a en effet un déficit d'hébergements extra-hospitaliers, des structures qui permettraient l'accueil des patients à leur sortie de l'hôpital. On en compte près de 11.000 dans l'Hexagone contre plus de 60.000 en Allemagne. Ils éviteraient pourtant aux malades un retour brutal à la vie quotidienne.
Le cortège a donc réclamé le droit à une citoyenneté à part entière. Bipolarité, phobie, schizophrénie, le trouble psychique est le plus incompris des handicaps. Pour faire tomber ces barrières, une partie du corps médical estime qu'il faut avant tout enlever les étiquettes que l'on colle aux patients lors du diagnostic.
Recréer du lien social, c'est possible quand on est bien pris en charge. Mais sans accompagnement adapté, 75% des malades rechuteraient dans l'année.