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Mediator : aggravation des lésions cardiaques après l'arrêt du traitement

Les fuites aortiques développées par certains patients ayant pris du Mediator pourraient s'aggraver avec le temps, selon un communiqué du laboratoire Servier daté du 17 février 2014, se référant à une étude de suivi coordonné par le laboratoire.

La rédaction d'Allo Docteurs
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L'étude - non encore publiée - fait suite à l'essai clinique Regulate, réalisé en 2006-2007 par le laboratoire Servier pour évaluer l'état cardiaque de patients qui avaient pris du Mediator pendant un an, en les comparant à des patients traités par la pioglitazone (1).

Dans son communiqué, le laboratoire Servier reconnaît que "le taux de régurgitation aortique est plus élevé chez les malades initialement traités par benfluorex", ce qui confirme "une toxicité du benfluorex au niveau des valves aortiques chez certains patients".

Mais il ajoute qu'"il n'a pas été observé de modification significative du taux d'anomalies morphologiques d'aucune valve, ni de régurgitations pour les valves mitrales et triscupides".

"On ne peut pas exclure qu'un petit nombre de malades progressent alors qu'ils ne sont plus exposés au Mediator", a indiqué le 19 février 2014 à l'AFP le principal investigateur de l'étude, le Pr Philippe Moulin, en résumant les principaux "enseignements" de l'étude.

Réalisée sur 574 patients diabétiques suivis quatre ans après avoir reçu un traitement, l'étude a montré une aggravation des fuites (ou régurgitations) aortiques "légères à modérées" très supérieures chez les diabétiques traités par le Mediator (benfluorex) par rapport aux patients traités par un autre antidiabétique, le pioglitazone. Dans le cadre de l'étude, 11,1% des patients sous Mediator ont présenté une telle aggravation, contre seulement 4,8% patients sous pioglitazone. D'un point de vue statistique, cela signifie que le risque d'aggravation de fuites aortiques de cette intensité est majoré de 15% à 340% chez les patients ayant été exposé au benfluorex (par rapport à des patients ayant été exposé au pioglitazone).

Une toxicité spécifique confirmée

Les résultats de l'étude ont confirmé l'existence d'une "toxicité" spécifique liée au Mediator, selon le Pr Moulin, chef de service d'endocrinologie de l'hôpital Louis-Pradel à Lyon, qui relève que quatre ans après, "il y a toujours plus de fuites aortiques dans le groupe benfluorex".

Pour la pneumologue Irène Frachon qui a révélé le scandale du Mediator, "ces informations sont majeures pour les expertises en cours qui évaluent les fuites aortiques mineures à modérées, bien trop souvent considérées comme négligeables par les experts judiciaires". Elle ajoute que la possibilité d'aggravation de ces fuites "devra à l'avenir impérativement être prise en compte".

Selon le Pr Moulin, l'étude est également rassurante en ce qui concerne les patients qui n'ont pas développé de pathologie valvulaire immédiatement après l'arrêt du Mediator. "Ils n'ont pas plus de risques de développer cette pathologie que les patients traités par pioglitazone, voire même un peu moins", commente-t-il.

Interrogée par l'AFP, l'agence du médicament ANSM, qui a reçu une copie de l'étude de suivi, s'est refusée à tout commentaire.

A ce stade, l'étude de suivi ne devrait pas être poursuivie, selon le Pr Moulin.

Utilisé par cinq millions de personnes en France, le Mediator, à l'origine de graves lésions des valves cardiaques, serait responsable à long terme de quelque 2.000 décès, selon les experts.

 

(1) Cette molécule, commercialisée par le laboratoire Takeda sous les marques Actos et Competact, avait été retirée de la vente en France en 2011 en raison d'un risque accru de cancer de la vessie.

Une fuite aortique est une affection de la valve aortique qui ne se referme pas de manière étanche et laisse passer du sang dans le sens contraire de la circulation normale.

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