Trop travailler peut conduire à trop boire
Travailler trop peut conduire à boire trop d'alcool, selon une synthèse d'études publiée ce 14 janvier dans le British Medical Journal. Le sur-risque associé, vraisemblablement faible, ne doit toutefois pas être ignoré.
L'analyse d'une série d'études englobant plus de 400.000 personnes montre que les individus qui travaillent plus de 48 heures par semaine, soit au dessus du seuil d'une directive européenne sur le travail, ont une probabilité accrue de s'engager "dans une consommation à risque pour leur santé" (plus de 14 verres d'alcool(1) par semaine pour une femme et plus de 21 pour un homme).
Une marge d'erreur importante est attachée à l'estimation des chercheurs. Ceux-ci estiment (avec 95% de certitude) que la valeur exacte de ce sur-risque est comprise entre +2% et +26% pour les personnes travaillant de 49 à 54 heures sur une base hebdomadaire (entre +1% et +25% pour ceux travaillant plus de 55 heures par semaine).
L'augmentation de la probabilité de développer des habitudes de consommation à risque en raison d'un excès de travail "est faible dans l'absolu", mais "justifie un examen attentif", souligne l'éditorial du BMJ, signé d'une chercheuse de l'Ecole de santé publique de Harvard.
Elle note que les personnes ayant un travail consomment statistiquement moins d'alcool que les personnes au chômage, et de plus grandes chances de sortir de l'alcoolisme. Mais le risque mis en lumière par cette méta-analyse doit, selon elle, "être pris au sérieux".
Ces résultats pourraient donner un nouvel élan à une nouvelle réglementation du temps de travail au titre de la santé publique, estime cette spécialiste en évoquant "la pression croissante" pour exclure une proportion grandissante de travailleurs des normes actuelles qui limitent les heures de travail en Europe et dans d'autres pays développés.
Des études épidémiologiques antérieures montrent que de longues heures de travail sont liées à un risque accru de maladies cardiovasculaires, d'accidents du travail et des problèmes de santé mentale, notent les auteurs.
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(1) La référence pour une boisson est généralement l'"unité" d'alcool, soit 10 grammes d'alcool pur, correspondant à un verre standard (verre de bistrot ou de bar), comme par exemple un petit verre de whisky (3 centilitre ou cl), un verre de vin (10 cl à 12°) ou une chope de bière (25 cl à 5°).
Source : Long working hours and alcohol use: systematic review and meta-analysis of published studies and unpublished individual participant data. Virtanen et coll. BMJ, 13 janv. 2015 doi: 10.1136/bmj.g7772