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Viol dans un lycée : prélever et comparer l'ADN pour confondre un coupable

Un prélèvement massif d'ADN sur 527 personnes de sexe masculin, majeures et mineures se déroulera du 14 au 16 avril 2014 dans un lycée privé de La Rochelle pour tenter d'identifier l'auteur d'un viol commis le 30 septembre 2013 dans les toilettes de l'établissement.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le

L'affaire de La Rochelle

L'agression a été commise le 30 septembre 2013 au lycée Fénelon Notre-Dame de la Rochelle : une lycéenne de 16 ans avait été violée dans les toilettes de l'établissement, lumières éteintes, ce qui l'avait empêché de fournir à la police rochelaise, en charge de l'enquête préliminaire, des éléments probants.

Une trace ADN masculine, non recensée dans les banques de données judiciaires, avait toutefois été relevée sur les vêtements de la victime.

Les prélèvements actuellement réalisés à La Rochelle concernent la totalité des hommes présents dans l'établissement au moment des faits : 475 lycéens(1), 31 enseignants et 21 autres personnes, personnel technique ou extérieur au lycée. Les 527 profils génétiques seront comparés à l'ADN non-identifié.

Isabelle Pagenelle, procureur de la République de La Rochelle, avait expliqué le 11 avril - lors d'un point presse dévoilant l'affaire - que les enquêteurs comptaient effectuer "quarante prélèvements par heure, sous le contrôle des professeurs quand il s'agirait d'élèves, les photos des cartes d'identité n'étant pas toujours fiables pour les mineurs".

La collecte est effectuée à l'aide d'un bâtonnet en mousse, placé sous la langue puis scellé dans une enveloppe spéciale, mentionnant l'identité de l'individu et portant sa signature. Les résultats devraient être connus d'ici un mois. Les analyses négatives seront détruites. Le coût global de l'opération est estimé à 5.000 euros.

Après la révélation de l'affaire le 11 avril 2014, une cellule de soutien psychologique a été ouverte au sein de l'établissement à destination des lycéens.

Les prélèvements d'ADN

Agression sexuelle : à quoi sert l'ADN ? reportage du 16 mai 2011

Une agression sexuelle est une atteinte sexuelle commise sans le consentement de la personne agressée (avec violence, contrainte, menace ou surprise). Il peut s'agir, par exemple, d'attouchements, de caresses de nature sexuelle ou de viol. Les services judiciaires français rappellent que "les pressions subies par la victime peuvent être d'ordre tant physiques que morales (la contrainte peut, par exemple, résulter de la différence d'âge existant entre l'auteur des faits et une victime mineure et de l'autorité qu'exerce celui-ci sur cette victime)."

Afin que l'agresseur puisse être confondu, les autorités rappellent qu'il est "préférable que la victime ne procède à aucune ablution avant son examen par un médecin (douche, bain)". Elle doit en priorité "téléphoner ou se rendre au commissariat ou à la gendarmerie la plus proche et indiquer le plus exactement possible les conditions dans lesquelles elle a été agressée, et doit porter plainte contre son agresseur".

Comme le rappellent les services judiciaires, "il est important de ne pas affronter ces épreuves seul". Un avocat et une association spécialisée, notamment une association d'aide aux victimes, peuvent assister la victime dans ses démarches.

L'extraction de l'ADN

Le prélèvement de l'ADN - reportage du 9 juin 2009

Une analyse d'un prélèvement de cellules commence généralement par l'ajout d'un composé chimique (détergent) qui va dissoudre les membranes desdites cellules. L'ADN, les protéines associées et les différentes structures de la cellule sont libérées. A l'aide de solvants (phénol additionné de chloroforme), les biologistes provoquent l'agglutination des protéines et autres structures cellulaires.

Après un passage par la centrifugeuse, qui va amener les différents éléments cellulaires à se répartir en fonction de leur densité, les laborantins éliminent les protéines agglutinées et ajoutent de l'alcool à la solution. L'ADN s'agglutine alors, et peut être récupéré.

ADN récupéré... et après ?

Seul un faible pourcentage de nos gènes nous différencie de nos semblables. Les techniciens de la police scientifique vont se concentrer sur une petite quinzaine de gènes, qui se différencient essentiellement par leur longueur (la même information étant répétée un nombre plus ou moins grand de fois d'un individu à un autre).

L'ADN est chauffé pour séparer les deux brins qui le composent. Puis, des composés spécifiques sont introduits dans la solution, qui vont cibler l'un des gènes d'intérêt. Ils vont établir une copie du gène sur toute sa longueur. Cette copie est ensuite multipliée (on parle d'amplification) des milliers de fois. Le procédé est répété pour chaque gène d'intérêt.

Chaque groupe de copies (additionné d'un peu de colorant) est introduit, côte à côte, à la base d'une surface gélatineuse, dans laquelle on va faire circuler un courant électrique. Les copies de gènes se déplacent alors dans le gel, attiré par le courant. Mais plus le gène est long, plus il migre lentement. Lorsque l'on interrompt la procédure, les amas sont positionnés à des hauteurs différentes dans le gel.

La probabilité qu'un gène donné, originaire d'un individu donné, ait la même longueur que celle d'un autre individu pris au hasard dans la population est de l'ordre de 10%. Celle que deux gènes aient la même longueur est donc égale à 10% de 10% (soit 1%), et ainsi de suite. La probabilité que treize gènes testés aient exactement la même longueur pour deux individus différents est donc seulement de 0.00000000001% !

De fait, si deux gels présentent des bandes positionnées exactement au même endroit, il est plus que raisonnable de conclure que les prélèvements dont ils sont issus correspondent à des substances biologiques (salive, sperme) porteuse du même ADN (cellules d'un même individu ou de son jumeau).

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