Chute de cheveux : la dermofusion pour une nouvelle chevelure
La chute des cheveux est source de complexe et de mal-être. Une nouvelle technique fait de plus en plus parler d'elle en proposant un complément capillaire, à celles et ceux qui ne veulent pas de la greffe de cheveux. Un procédé esthétique, qui relègue la perruque au placard, mais a un coût.
Certaines maladies, comme la pelade ou l'alopécie androgénétique (la chute des cheveux des hommes, d'origine hormonale) provoquent une chute de cheveux localisée ou globale. Elle altère la qualité de vie de ceux qui en souffrent et provoque une souffrance non négligeable. Les femmes sont particulièrement vulnérables, la chevelure étant associée à la féminité et à la séduction.
Des cheveux naturels qui collent au cuir chevelu
Parmi les solutions proposées en cas de calvitie, la dermofusion a émergé il y a quelques années aux Etats-Unis. Elle consiste à implanter des cheveux naturels sur une fine membrane, collée au cuir chevelu. La première étape consiste à réaliser une empreinte de la ou des zones à traiter ; elle permet la conception d'une membrane sur mesure, qui servira d'interface entre les cheveux et le cuir chevelu.
Ensuite, le patient choisit des cheveux naturels, correspondant aux critères de couleur, de frisure, de texture et de densité de sa chevelure initiale. Ils sont ensuite implantés un à un sur la membrane, à l'épaisseur d'une lentille de contact. L'étape finale est de fusionner la membrane au cuir chevelu grâce à une résine de synthèse, renouvelée toutes les quatre à six semaines pour des questions d'hygiène. Il faut se rendre tous les mois ou mois et demi, à l'institut pour changer la membrane et le rendez-vous dure 30 à 40 minutes puisqu'un soin est réalisé pour purifier le cuir chevelu, "un procédé essentiel à la sécurité du traitement et sa durée de vie de la membrane" selon Isabelle Anglade, directrice de l'institut capillaire qui propose la dermofusion
Cette technique, également appelée "chevelure de contact", offre un résultat naturel, aussi bien sur le plan visuel que tactile. Se passer la main dans les cheveux est à nouveau possible ; la pluie ou le vent (redoutée par les porteurs de perruque) ne posent aucun problème. La personne peut aller sans crainte à la piscine, jouer au rugby ou même faire de la plongée sous-marine. Il est impossible pour les autres de se rendre compte que la chevelure n'est pas d'origine, aussi bien au toucher qu'à la vue. La chevelure peut être obtenu en une seule fois ou de façon progressive. Pour plus de discrétion, il est bien sûr conseillé de le faire lorsque l'alopécie débute et ne concerne qu'une petite zone (par exemple pour les hommes qui commencent à se dégarnir au niveau des tempes ou du sommet du crâne).
La dermofusion, un résultat esthétique qui a un coût
En cas de mode de vie agressif pour les cheveux (avec par exemple port de casque ou la pratique du rugby), la membrane doit être changée tous les mois et le forfait s'élève à 230 euros mensuels. Si la vie est sédentaire, les changements sont moins fréquents (toutes les six semaines par exemple) et le tarif est à partir de 180 euros.
La sécurité sociale accorde une prise en charge 125 euros par an. "Si les patients ont accès à une prise en charge par la sécurité sociale, elles ont droit à 75 euros, deux fois par an, souligne le Dr Assouline, dermatologue. La Haute Autorité de Santé (HAS) a fait un travail pour doubler le forfait de remboursement, mais le décret d'application n'est pas encore en vigueur. En oncologie, le remboursement est de 250 euros par an."
Pour comparaison, le prix d'une perruque débute aux alentours de 125 euros avec des cheveux synthétiques, et de 700 euros avec des cheveux naturels (une perruque faite main, avec cheveux longs dépasse les 1000 euros). Mais la perruque s'enlève la nuit ou ne doit pas être portée dans l'eau, à la piscine (le chlore peut l'abîmer).
Les limites de la dermofusion
La technique nécessite une peau glabre et elle est bien sûr contre-indiquée en cas de pathologies dermatologiques du cuir chevelu.
Le Dr Assouly, dermatologue, s'interroge sur une allergie à la colle ou au support. Elle est recherchée lors de la première visite du client à l'aide d'un test cutané : "un patch est collé sur la peau, derrière l'oreille, détaille la directrice de l'institut capillaire. La réaction est observée au bout d'une semaine, à la recherche d'une intolérance à la colle."
Autre inquiétude du médecin, une transpiration abondante en été, qui pourrait poser problème. "Les membranes sont micro-perforées, ce qui permet tout de même une respiration de la peau", précise Isabelle Anglade.
Selon le médecin, une charte de bonne utilisation est indispensable, parce que si cette technique se développe, certains industriels moins sérieux risquent de mettre les patients en danger. De plus, il recommande impérativement un suivi médical dans un centre spécialisé : "Il ne faut pas se contenter d'un contact exclusif avec un industriel, aussi rigoureux soit-il, estime Philippe Assouly. Un médecin doit pouvoir présenter toutes les solutions, en s'adaptant au patient et les gens ne doivent pas être pris en otage d'un système."
Zoom sur la pelade
La pelade est une perte des cheveux par plaques. Elle est vraisemblablement provoquée par une réaction immunitaire, les défenses immunitaires détruisant la racine du cheveu. Le cheveu arrête de pousser et tombe.
L'origine de la pelade reste obscure : des facteurs héréditaires entrent en compte et une association à l'allergie est constatée chez 20 à 40% des patients. Un stress psychologique, un dérèglement de la thyroïde, une maladie de Biermer (anémie par carence en vitamine B12) peuvent être en cause.
Le minoxidil, les corticoïdes, la puvathérapie (association des rayons UV au psoralène), la cryothérapie peuvent stimuler la repousse du cheveu. L'évolution est imprévisible mais chez quatre personnes sur cinq, la repousse spontanée est constatée au bout de six à douze mois.