Confinement : pourquoi les mères d’enfants en bas âge sont particulièrement épuisées
Les restrictions imposées par la crise du covid ont eu des répercussions négatives sur l’état de santé des mères d’enfants en bas âge, selon une étude américaine. Les plus touchées sont celles qui cumulent télétravail et gestion des enfants.
Stress, fatigue, sédentarité… Les conséquences de la pandémie de covid sur notre santé physique et mentale sont lourdes. Mais celles qui payeraient le plus lourd tribut seraient les mères d’enfants de moins de cinq ans. C’est le constat d’une étude américaine menée à l’université d’Etat de Louisiane et publiée le 22 avril 2021 dans la revue scientifique Women’s Health.
"chaos domestique"
Les chercheurs, affiliés au centre de recherche biomédicale de Pennington, ont interrogé 1.721 mères d’enfants de trois à cinq ans en mai 2020, à travers les 50 États d'Amérique. Ils les ont questionnées sur leur stress, leur activité physique, leur sommeil et le "chaos domestique" qui régnait dans leur foyer, à savoir le désordre, le bruit ou encore l’encombrement.
Moins de sommeil et de sport
Résultat : seule la moitié des mères de l'étude bénéficiaient de la quantité recommandée de sommeil et d'activité physique. Pire, deux fois plus de mères déclaraient avoir des problèmes de sommeil pendant l’épidémie qu’avant cette période. Et plus les mères étaient stressées, moins elles pratiquaient de sport et moins elles dormaient.
Les mères les plus touchées semblent être celles en télétravail. Elles ont en effet rapporté un plus grand "chaos domestique" car elles devaient s’occuper de leurs enfants tout en travaillant à distance.
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Dégradation de l’état de santé
Pour les auteurs de l’étude, la crise sanitaire a aggravé une situation déjà délétère pour les mères. "Les mères de jeunes enfants sont déjà moins susceptibles de bénéficier de la quantité recommandée de sommeil et d'activité physique que les femmes qui n'ont pas d'enfants" remarque la docteure Chelsea Kracht, co-autrice de l’étude, dans un communiqué du centre de recherche.
"Ces lacunes peuvent augmenter le risque d'obésité et de mauvaise santé, et le confinement a aggravé la situation en augmentant les niveaux de stress et de chaos domestique", poursuit-elle.
"Besoin d’un changement systémique"
Comment faire pour limiter ces risques ? Pour la docteure Amanda Staiano, qui a également co-écrit l’étude, "il existe un certain nombre de moyens pour les mamans de réduire le stress, comme faire une pause dans les informations et passer quelques minutes à se détendre avant de s'endormir".
Mais ce n’est pas suffisant et "ce dont les mamans ont vraiment besoin, c'est de plus de soutien" ajoute la spécialiste. "Elles ont besoin d'un changement systémique" résume-t-elle.
Les résultats de l'étude confirment en effet la nécessité de "fournir aux mères des options de garde d'enfants fiables et abordables", ajoute Amanda Staiano.
Sans oublier bien sûr le fait que les pères ou, à défaut, d’autres membres de la famille, assument une partie des soins aux enfants et des tâches ménagères.
Les Françaises aussi plus impactées
En France aussi les inégalités entre les femmes et les hommes ont été accentuées par la pandémie. Ainsi, une étude de l’institut Ipsos montrait que parmi les télétravailleurs du deuxième confinement, les femmes étaient 1,3 fois plus nombreuses que les hommes à se sentir anxieuses.
Et selon le baromètre de la Fédération française d'Education physique, les femmes ont pratiqué 48 minutes de sport par semaine en moins que les hommes en 2020. Ce manque d’activité a entraîné un impact négatif sur leur bien-être physique pour 62% d’entre elles (contre 55% des hommes) et sur leur bien-être psychologique pour 59% d’entre elles (contre 42% des hommes).