Glyphosate : opération "nature morte" au siège de Monsanto
Quatre associations militantes ont reproduit une scène de "nature morte" dans le siège social de Bayer-Monsanto pour dénoncer les "ravages" causés par le produit phare de la firme, le glyphosate.
Branches mortes, bidons vides, corps gisants… Des militants d'Attac, de la Confédération Paysanne, d'Extinction Rébellion et RadiAction ont reproduit le 22 mai une véritable scène de "nature morte" dans le hall du siège de Bayer-Monsanto, à La-Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine). Objectif : dénoncer les activités du géant de l'agrochimie qu’ils qualifient de "mortifères".
"Dénoncer les ravages des activités de Bayer et Monsanto"
Tout a commencé quand une cinquantaine de militants des quatre associations, vêtus de combinaisons blanches et de masques, ont installé sur une bâche du bois mort et des bidons de glyphosate. Certains militants se sont alors installés, gisant sur cette installation. "Nous sommes venus mener une action de désobéissance civile visant à dénoncer les ravages des activités de Bayer et Monsanto sur le biodiversité et la santé de nos agriculteurs et agricultrices", a déclaré à l’AFP une militante d'Attac et "animatrice" de l'action.
Les organisations réclament notamment au groupe de "stopper son lobbying agressif" et "de s'engager à stopper la production de glyphosate avant 2021". Plusieurs discours ont été prononcés dans ce sens, sous une banderole indiquant "Bayer + Monsanto = le dessin d'une tête de mort". Même si l’action des militants s'est déroulée dans le calme au siège de Bayer-Monsanto, une porte parole de Bayer France a indiqué "[regretter] la forme de cette manifestation à l’encontre de [l’] entreprise" et a rappelé que Bayer-Monsanto était "prêt à discuter de [ses] activités, dans un cadre d’écoute et de transparence".
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Le glyphosate au cœur d’une controverse scientifique
Principal élément déclencheur de cette action : le glyphosate, principe actif du célèbre désherbant Roundup®. Ce composé se trouve actuellement au cœur d’une importante controverse scientifique et jusqu’à présent, les différents rapports visant à évaluer sa dangerosité et son caractère cancérogène pour l’humain restent contradictoires. Ainsi, en mars 2015, le centre international de recherche sur le cancer (le CIRC) qui dépend de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a classé le glyphosate comme "probablement cancérogène". Mais quelques mois plus tard, en novembre 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a quant à elle jugé "improbable" que le glyphosate représente un danger pour l’homme. La qualité de cet avis est aujourd’hui remise en question puisque les experts de l’EFSA se seraient appuyés sur des rapports fournis directement par l’entreprise Monsanto.
Alors que les dangers sanitaires du glyphosate divisent toujours la communauté scientifique, l’Agence nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) devrait lancer une étude indépendante sur les effets sanitaires de ce composé chimique d’ici quelques mois.