La Méditerranée polluée par le plastique
Depuis ce vendredi 1er juillet 2016, les sacs plastiques à usage unique sont interdits. Désormais, ils sont obligatoirement réutilisables ou en plastique décomposable. Le plastique est devenu un véritable fléau pour l'environnement, et en particulier les mers et les océans. Quel est l'impact des déchets en plastique sur la Méditerranée ? Explications.
La tortue caouanne est une espèce assez courante en Méditerranée mais menacée comme toutes les espèces de tortues marines. Depuis une vingtaine d'années, les scientifiques constatent leur diminution. Pour connaître l'origine de ce phénomène, l'Institut océanographique de Monaco effectue régulièrement des autopsies d'animaux retrouvés morts. Dans leur estomac, on trouve de plus en plus souvent non pas du poisson ou des algues, mais du plastique.
"Les tortues mangent des petits animaux, en particulier des méduses mais aussi des petits poissons. Et bien souvent, elles vont confondre un sac plastique avec une méduse, une particule de plastique avec un petit poisson et elles vont l'ingérer", explique Robert Calcagno, directeur général de l'Institut océanographique de Monaco. Les plastiques représentent 75% des déchets retrouvés en mer. Utilisés quelques heures à peine, il leur faut ensuite des centaines d'années pour se dégrader : 20 à 100 ans pour un sac, 50 ans pour un gobelet, 450 ans pour une bouteille, 600 ans pour un fil de pêche…
Et même quand on ne les voit pas, les plastiques sont toujours présents. En 2014, la goélette Tara est partie étudier leur présence en Méditerranée. Les conclusions sont alarmantes. Dans tous les filets relevés en mer, les scientifiques ont trouvé des micro-fragments de plastique. "Ce sont des particules qui ont la taille d'un confetti, qui font environ cinq millimètres de diamètre. Et ces plastiques sont des radeaux auxquels les espèces (petites algues…) s'attachent (…) ces plastiques sont un vecteur pour la dispersion de ces espèces mais aussi pour la dispersion des espèces toxiques ou pathogènes", note Maria-Luiza Pedrotti, biologiste marin.
Espèces invasives, néfastes pour la biodiversité ou même bactéries… Ces plastiques facilitent la propagation de petits organismes, d'un bout à l'autre de la Méditerranée. Mais ce n'est pas tout. Les plastiques sont gorgés de polluants et par leur dégradation, ils relâchent des perturbateurs endocriniens comme des phtalates ou du bisphénol A comme l'explique Maria-Luiza Pedrotti : "Les plastiques absorbent les polluants. Et après, les poissons mangent ces plastiques et nous, nous mangeons les poissons. Du coup, il y a un transfert dans la chaîne alimentaire et ces polluants arrivent dans nos assiettes. On ne peut pas nettoyer la mer. La solution, c'est la sensibilisation. Elle doit venir en amont. Il faut empêcher que les plastiques arrivent dans les océans. Et pour ça, il faut par exemple réduire les plastiques à usage unique, prévoir un autre mode de consommation…".
La quantité de plastiques dans la Méditerranée est considérable. En fonction des zones, il y aurait entre 5.000 et un million de micro-fragments au kilomètre carré. Des concentrations qui font de la Méditerranée, l'une des mers les plus polluées au monde.