Les téléphones portables nuisent-ils à notre santé ?
Les Français passent en moyenne 2/3h par jour sur leur téléphone, mais que sait-on vraiment de leurs effets sur notre santé ? Qu'en est-il des ondes électromagnétiques ? Notre journaliste fait le point.
Les personnes dites électrosensibles se posent la question depuis longtemps sur la dangerosité de l'utilisation des téléphones portables.
Céphalées, nausées...
Jacqueline Thouément, 60 ans, raconte que ses symptômes sont apparus sur son lieu de travail il y a dix ans. Depuis elle ne supporte plus la présence d’un téléphone mobile. Ses symptômes sont immédiats et systématiques dès qu'elle est en présence d'un téléphone portable.
"J’ai tout de suite des céphalées, un sentiment de brûlure au niveau des cervicales, du crâne, comme des crépitements, une sensation nauséeuse, une perte d’équilibre, et les acouphènes qui reviennent systématiquement. C’est plusieurs minutes, heures voire des jours pour retrouver une sérénité et me dégager de toute cette pollution que mon organisme accumule".
Cette pollution dont parle Jacqueline, est constituée par les ondes électromagnétiques émises et reçues par les téléphones portables, lorsque ces derniers communiquent avec les antennes relais. Les cellules absorbent une partie de l’énergie de ces ondes électromagnétiques. Cela se mesure, c’est ce qui s'appelle le DAS, Débit d’Absorption Spécifique. Il est réglementé et tout téléphone vendu en France ne doit pas dépasser un DAS maximal.
Le DAS réglementé : pas de surexposition
Ce n’est pas si simple selon Marc Arazi. Il a fondé l’ONG Alerte Phonegate, et écrit un livre dans lequel il dénonce le manque de transparence des fabricants comme des autorités de contrôle concernant le niveau d’exposition auquel les gens seraient réellement soumis. Depuis 2016 il se bat pour que ces données soient rendues publiques.
"Ces données étaient gardées secrètes, et il a fallu une bataille de plus de deux ans, et encore elle n’est pas terminée, pour commencer à avoir les premiers éléments de ces niveaux d’énergie. On s’est rendus compte justement quand ces données ont été disponibles, que certains téléphones dépassaient de manière extrêmement importantes les DAS donnés dans les notices, le DAS pouvait 10-40 fois supérieur à ce qui était annoncé par le fabricant".
Pas assez de contrôles ?
L’Agence Nationale des Fréquences est une agence chargée de contrôler les portables mis sur le marché. Elle mesure le niveau d’ondes électromagnétiques absorbé par notre corps, le fameux DAS. Depuis 2016, la réglementation (qui datait de 1999) et les contrôles commencent à se renforcer pour mieux correspondre à l'utilisation des portables.
En plus de la tête, le DAS est aussi mesuré au niveau des membres, mains, poches de pantalon, mais aussi plus près du corps. Gilles Bregant est directeur général de l'ANFR, il explique.
"L’Agence teste plusieurs dizaines de téléphones chaque année sur le marché, d’ailleurs en 2021 on va en tester 140 modèles de téléphones différents pour vérifier que leur DAS ne dépasse pas la norme. Il arrive malheureusement que certains téléphones dépassent la norme, dans ce cas là, on a la possibilité en tant qu’agence de contrôle de remédier à cela et faire en sorte que ces téléphones soient retirés du marché ou mis à niveau pour retrouver un DAS normal".
Les effets du téléphone portable sur la santé
Il existe de nombreuses études sur le sujet. L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire a fait un bilan de toutes les connaissances scientifiques pour vérifier si les téléphones portables peuvent être dangereux pour la santé, perturber le fonctionnement du cerveau, provoquer des tumeurs par exemple…
"Bien sur les ondes ont un effet, elles traversent le corps humain donc elles interagissent avec le corps pour autant il n'y a pas d’effets aujourd’hui démontrés sur la santé. On ne sait pas encore tout, on ne peut pas démontrer qu’on ne trouvera jamais d’effets, il y a eu lieu d’être prudent par rapport à cet usage, notamment pour les enfants qui seront exposés toute leur vie, d’avoir un usage raisonné des téléphones mobiles", explique Olivier Merckel, responsable de l’évaluation des nouvelles technologies à l’ANSES.
Quid de l’électro-sensibilité ?
C’est la même chose pour l’ANSES, les symptômes existent, ils doivent être soignés et pris en charge. Même si pour l’instant aucune étude n’a encore permis d’incriminer directement les ondes.
De nouvelles études sont en cours pour en savoir plus, en attendant, à titre de précaution, l’ANSES recommande des gestes simples pour limiter son exposition.