Electrosensibles : leurs symptômes officiellement reconnus pour la première fois
L’Anses reconnaît la réalité de la souffrance des électrosensibles mais n'a trouvé aucune preuve du lien entre leurs symptômes et l’exposition aux ondes électromagnétiques.
Après quatre ans de travail, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’environnement (Anses) a publié mardi 27 mars un rapport très attendu sur l’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques.
Il y aurait en France entre 600 000 et 6 000 000 de personnes électrohypersensibles. Maux de tête, fatigue, troubles de l'équilibre, de la mémoire, fourmillements, les symptômes sont divers explique Pr Gérard Lasfargues, directeur général délégué de l’Anses. D’autres patients rapportent des fourmillements dans les doigts ou encore des problèmes cutanés, qu’ils attribuent à leur exposition aux radiofréquences des téléphones portables, antennes relais et autre wifi.
Témoignage d'une personne électrosensible. Sujet diffusé le 29/04/2014
Besoin de reconnaissance des malades
« Il n'existe pas de critères de diagnostic de l'EHS validées à ce jour », note l'Anses dans son avis. Mais « quoi qu'il en soit, les plaintes (douleurs, souffrance) formulées par les personnes se déclarant EHS correspondent à une réalité vécue ». L’ANSES préconise que le système de santé permette un jour aux hypersensibles de se soigner comme n’importe quel malade et appelle la HAS à émettre des recommandations dans ce sens. Le rapport met en avant le « besoin de reconnaissance » exprimé dans les témoignages des patients et leur « désir d'être pris au sérieux » par des médecins qui peuvent privilégier « une approche psychologisante du problème », accompagnée « d'un certain mépris » à l'égard des personnes venant les consulter.
« Aucune preuve expérimentale solide »
Mais l'Anses insiste sur le fait qu'aucun lien n'a été mis en évidence entre les symptômes des malades et les ondes électromagnétiques après l'examen de l'ensemble de la littérature disponible sur le sujet. Les études de « provocation », qui soumettent les sujets aux ondes en laboratoire, ne mettent pas en évidence l'apparition de symptômes ni de capacité des électrosensibles à percevoir les champs magnétiques. Le rapport, qui pointe du doigt « les limites méthodologiques » des recherches passées, plaide donc pour de nouvelles études, avec de nouveaux protocoles.
Ce n'est pas la première fois que l'Anses se penche sur les effets des radiofréquences. En 2016, elle avait estimé que les ondes électromagnétiques émises par les téléphones portables, les tablettes tactiles ou les jouets connectés pouvaient avoir des effets sur les fonctions cognitives - mémoire, attention, coordination - des enfants.