Agriculture : de nouvelles mesures contre les pesticides
Ségolène Royal a rencontré le personnel de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), le jeudi 28 juillet 2016. La ministre de l'Environnement souhaite s’appuyer sur l'expertise de l'Anses pour agir contre les produits phytosanitaires et biocides les plus dangereux pour la santé dans l'agriculture afin de proposer des mesures.
L'Agence Nationale de sécurité sanitaire a "déjà lancé le processus de retrait des autorisations de mises sur le marché d'un certain nombre de pesticides", a rappelé la ministre de l'Environnement au cours d'une visite au siège de l'agence, quelques jours après la publication d'un rapport de cet organisme sur l'exposition des travailleurs agricoles aux pesticides. "En France, plus d'un million de professionnels du secteur agricole sont potentiellement exposés au pesticides", selon le rapport de l'Anses, auxquels doivent être ajoutés "plusieurs centaines de milliers de travailleurs non permanents et plusieurs milliers de stagiaires".
L'Anses a déjà pris une décision de retrait "pour le diméthoate, le chlorpyrifos éthyl et les herbicides au glyphosate utilisant des co-formulants", a rappelé le ministère. L'agence doit "continuer avec beaucoup de détermination" ses missions de recherche et d'autorisation de mise sur le marché, a dit la ministre. En 2011, l'Anses s'était autosaisie "pour mener une expertise collective visant à identifier, évaluer et caractériser des personnes travaillant dans l'agriculture, afin de proposer des actions de réduction et de prévention". L'agence constate "le manque de données relatives" à ce sujet.
Vers un renforcement réglementaire des pesticides
Dans un communiqué publié à l'issue de sa visite, Mme Royal a demandé "le renforcement de l'encadrement réglementaire" de l'utilisation des produits phytosanitaires et biocides "en procédant le plus rapidement possible au retrait des autorisations de mise sur le marché" des plus toxiques (cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques, perturbateurs endocriniens).
Ségolène Royal a proposé la création d'un certificat "certipesticide". Son obtention serait obligatoire pour les agriculteurs "avant qu’ils puissent acquérir et utiliser des pesticides", a-t-elle expliqué. La ministre a aussi proposé de réviser les conditions du retour des travailleurs agricoles sur des parcelles traitées avec des pesticides. "Ce chantier va être lancé très rapidement", a-t-elle assuré.
Elle a également souhaité que l'utilisation des produits "les plus dangereux (soit) soumise à la délivrance d'un conseil indépendant prévu par le code rural". Dans son rapport l'Anses rappelle "l'objectif explicite du code du travail qui est d'éviter les risques, en particulier par la suppression des dangers exposant les travailleurs". Et précise que "la diminution de recours aux pesticides constitue un objectif en soi, visant à la réduction de l'exposition à ces substances des personnes travaillant dans l'agriculture".