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Les néonicotinoïdes bientôt de retour dans nos plans de betteraves

Le Conseil d'Etat a validé lundi une dérogation permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour la filière de la betterave sucrière. Une décision qui suscite l'indignation du côté des écologistes.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Les agriculteurs français pourront écouler leurs stocks de Basta F1 jusqu'en juillet 2018.  —  Photo © Sauletas - Fotolia

La filière de la betterave sucrière, sinistrée par des invasions de pucerons, pourra bien utiliser provisoirement les insecticides néonicotinoïdes, au grand dam des ONG et des apiculteurs, qui dénoncent la réintroduction de ces "tueurs d'abeilles" interdits depuis 2018.

Le Conseil d'Etat a validé lundi les modalités d'une dérogation très contestée, décidée par le gouvernement, dont la politique environnementale est déjà la cible de nombreuses critiques. 

Pas d’alternative efficace

Cette dérogation est une réponse directe à la demande des betteraviers, qui évaluent à 280 millions d'euros les pertes l'an dernier. Des pertes dues à une épidémie de "jaunisse", propagée par un puceron que d'autres traitements n'ont pas permis d'éliminer. Le gouvernement avait donc fait adopter, en décembre dernier, une loi permettant la réintroduction, par dérogations annuelles, de semences de betteraves sucrières enrobées de néonicotinoïdes.

Ce système de dérogation, qui pourra s’appliquer jusqu’à 2023, n’est pas un élément nouveau : il est prévu et encadré par la réglementation européenne sur l'interdiction générale de ces insecticides, dont la dangerosité pour la biodiversité est reconnue.

Revers du Conseil d’État

La validation de cette dérogation relance la polémique autour de cet insecticide. Plusieurs ONG, le Syndicat national des apiculteurs et la Confédération paysanne avaient attaqué en procédure d'urgence devant le Conseil d'Etat l'arrêté du gouvernement précisant les modalités pour 2021 de cette utilisation. 

Alors que la période des semis doit débuter dans quelques semaines, elles estimaient notamment qu'il ne répondait pas aux obligations d'un usage "limité et contrôlé" et que toutes les solutions alternatives pour lutter contre les pucerons n'avaient pas été explorées.

Mais la plus haute juridiction administrative de France a tranché en leur défaveur. Le juge des référés a estimé que la décision respecte les conditions prévues pour une dérogation, en raison du "risque d'une nouvelle infestation massive par des pucerons".

Et que "les pertes importantes de production subies en 2020 témoignent de ce qu'il n'existe pas d’autres moyens raisonnables pour maîtriser ce danger pour la production agricole concernée, tout au moins pour la campagne 2021".

Déception écologique

Corinne Lepage, avocate de plusieurs requérants et ancienne ministre de l'Ecologie, regrette que “pas un mot” n’ait été dit “sur tout ce qui est contrôle et surveillance" ,et dénonce "les positions extrêmement conservatrices du Conseil d'Etat sur les questions de santé environnementale". Elle a saisi la Commission européenne sur la question du respect par la France des conditions dérogatoires.

De leur côté, Agir pour l’Environnement et la Confédération paysanne ont "dénoncé les approximations et mensonges du ministère de l'Agriculture” sur des données météo qui ont, selon elles, "permis au Conseil d’Etat de rejeter le référé". Le ministère de la Transition écologique n'a pas souhaité réagir.

La ministre Barbara Pompili, venue des rangs écolos, avait elle-même porté en 2016 comme député la loi interdisant ces insecticides. Mais elle avait appuyé cette réautorisation ciblée, arguant de "l'échec" à trouver une autre solution permettant de préserver la filière sucrière française.

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