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Pesticides dans l'air extérieur : 32 substances à surveiller de près

Une campagne de mesures de pesticides dans l'air extérieur n'a pas identifié de risques particuliers pour la santé. Mais 32 substances, dont le glyphosate et le lindane, doivent faire l'objet d'une "évaluation approfondie", révèle l’Anses.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / olrat

Pas de risques particuliers, mais un besoin d’analyses plus poussées. C’est en résumé la conclusion de la campagne nationale de mesures de pesticides dans l'air extérieur dévoilée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) le 2 juillet 2020.
Conjointement avec l’Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) et Atmo France - qui fédère les associations de surveillance de la qualité de l'air AASQA -, l’Anses avait lancé en juin 2018 une campagne nationale pour mesurer 75 substances chimiques dans l’air extérieur.
Produits phytopharmaceutiques, biocides, médicaments vétérinaires et antiparasitaires à usage humain ont ainsi été traqués pendant une année entière, de manière à couvrir la saisonnalité d'utilisation des pesticides dans l'agriculture.

Au total, les experts ont réuni 1.800 échantillons sur 50 sites en métropole et outre-mer, réunissant différents profils de zones d'habitation (urbaines, péri-urbaines et rurales) et de productions agricoles (grandes cultures, vignes, vergers, maraichage, élevage). L’objectif ? Mieux comprendre les risques associés à la contamination de l’air, à l’inhalation ou à l’exposition cutanée des pesticides, jusqu’ici principalement étudiés en cas d’exposition alimentaire.

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Pas de "risque important pour le moment"

Résultat : même si certains produits sont retrouvés fréquemment, les 100.000 données générées ne mettent "pas en évidence, au vu des connaissances actuelles, une problématique sanitaire forte associée à l’exposition de la population générale via l’air extérieur", selon l'Anses.
En clair, cette "photographie inédite" au niveau national n'a pas "démontré de risque important pour le moment", assure à l'AFP Ohri Yamada, responsable phytopharmacovigilance à l'Anses.

Mais il existe selon lui des "limites" à cette évaluation préliminaire. Par exemple, les valeurs toxicologiques de référence sont généralement fixées sur la base d'études sur l'ingestion de la substance, pas son inhalation. D'où la nécessité de creuser pour 32 "substances d'intérêt", identifiées en croisant la fréquence à laquelle elles ont été retrouvées avec les données de toxicologie de chacune d'entre elles. Elles feront donc l'objet d'"évaluations approfondies".

Le lindane et le glyphosate sur la sellette

Parmi elles, deux substances sont prioritaires. La première est le lindane, classé cancérogène et reprotoxique, c’est-à-dire toxique pour la fertilité et le développement de l'embryon. Pourtant interdit en France dans l'agriculture depuis 1998, ce produit probablement revaporisé dans l'air depuis le sol où il persiste, est celui qui a été retrouvé le plus souvent, dans près de 80% des échantillons.
"Il s’agira dans un premier temps d’identifier les motifs de persistance, puis de pouvoir estimer les expositions cumulées par les différentes voies (respiratoire, alimentaire, cutanée) et milieux d'expositions (air extérieur et air intérieur)", indique l'Anses.

Deuxième substance d’intérêt dans le viseur de l’Anses : le controversé glyphosate, qui avait jusqu'ici peu été mesuré dans l'air. Il a été retrouvé dans environ la moitié des échantillons analysés mais comme il nécessite un appareil de mesure dédié, il n'a été recherché que sur huit sites, les plus exposés. "Les concentrations mesurées sont suffisamment faibles pour que nous n'ayons pas identifié d'alerte à ce stade", selon Ohri Yamada.

Le chlordécone, pesticide utilisé jusqu'en 1993 qui a contaminé les sols de Guadeloupe et de Martinique pendant des décennies, n'a en revanche été détecté dans aucun prélèvement, y compris aux Antilles.

Vers une surveillance pérenne de ces substances dans l’air ?

L'objectif est désormais d'instaurer une surveillance pérenne de certaines substances, voire que quelques-unes rejoignent la liste des polluants réglementés. Aujourd'hui, une douzaine de polluants de l'air font en effet l'objet d'une surveillance obligatoire par les AASQA (particules fines, dioxyde d'azote, ozone, métaux lourds…) et l'Anses a recommandé en 2018 d'en ajouter plusieurs (1,3-butadiène, particules ultrafines, carbone, suie...).

Atmo-France et les AASQA, qui font depuis plusieurs années des mesures ponctuelles de pesticides, ont plaidé jeudi 2 juillet pour une "surveillance nationale règlementaire" en la matière. Et appelé à une "multiplication des sites de mesures pérennes" pour améliorer l'information.

Les zones agricoles à l’étude dès 2021

Autre projet : étudier précisément la présence de pesticides dans l’air à proximité des différentes zones agricoles. Car selon cette première analyse, certaines substances sont "majoritairement associées à certains profils agricoles", comme le prosulfocarbe aux grandes cultures ou le folpel à la viticulture, selon l'Ineris.

Mais les stations de mesure n'étaient pas à proximité directe des zones d'utilisation des pesticides. Et c’est ce à quoi s’attèlera l’étude PestiRiv (Anses/Santé Publique France), dont l’objectif est d’examiner l'exposition des riverains immédiats, en commençant en 2021 par les zones viticoles.

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