1. Accueil
  2. Bien-être
  3. Psycho
  4. Trouble anxieux

Troubles anxieux, une anxiété envahissante

L'anxiété ponctuelle est normale, mais elle devient pathologique lorsqu'elle est irrationnelle et excessive, qu'elle provoque une grande détresse et altère la qualité de vie. On parle alors de troubles anxieux. Comment les reconnaître et comment les traiter ?

Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Comment soulager un trouble anxieux généralisé  —  Allodocteurs - Newen France

Le cœur qui bat à tout rompre, la bouche sèche, une tension terrible et une inquiétude envahissante et douloureuse… Ce sont quelques-uns des symptômes invalidants des troubles anxieux, affections que connaissent bon nombre de Français et Françaises, champions et championnes de la consommation d'anxiolytiques.

Quand l'anxiété devient pathologique

Tout le monde connaît un jour ou l'autre l'émotion désagréable de l'anxiété, avant un examen, en cas de problème de santé ou d'accident. Mais si elle est bien tolérée et ponctuelle chez certains, elle devient pathologique et nocive chez d'autres : le sentiment anxieux entrave alors la vie quotidienne, empêche de prendre une décision et d'agir, alors que les ruminations négatives deviennent permanentes et douloureuses. Il est source de souffrance et altère la vie personnelle, familiale, ou professionnelle.

On parle alors de troubles anxieux, qui regroupent l'anxiété généralisée, les attaques de panique (ou crises d'angoisse), qui sont détaillées ci-dessous, mais aussi les phobies, les troubles obsessionnels compulsifs, le stress post-traumatique, générateurs d'une grande angoisse.

L'anxiété est différente du stress, qui est un mécanisme d'adaptation à une agression : en situation stressante, le corps sécrète des hormones comme l'adrénaline, le cortisol et la noradrénaline pour mobiliser ses capacités physiques et psychologiques et "échapper au danger".

Au contraire, l'anxiété est une émotion complexe, de l'ordre du mental,  qui ne nécessite pas d'adaptation : alors que le stress est une réponse à un événement particulier, l'anxiété est une anticipation de situation négative, source de peur incontrôlable et irrationnelle. Elle peut survenir en réaction à un stress, lorsque les symptômes perdurent et que les causes du stress ne sont plus présentes.

Quelles sont les causes de l'anxiété ?

Nous ne sommes pas tous égaux face à l'anxiété, certains gèrent mieux l'angoisse que d'autres, mais tout le monde peut souffrir d'un trouble anxieux.

Il est probablement la résultante de plusieurs facteurs : environnementaux (en lien avec des évènements de vie stressants), biologiques avec la production de neurotransmetteurs (sérotonine, noradrénaline,…) et génétiques, avec un terrain favorisant. Une étude avait ainsi montré que le trouble anxieux et le raccourcissement des gènes étaient liés, sans que l'on sache lequel des deux était survenu le premier.

Quels sont les symptômes de l'anxiété généralisée ?

L'anxiété généralisée, aussi appelée "trouble anxieux généralisé" est une forme chronique, avec un fond anxieux permanent et une inquiétude diffuse, sans objet précis. Elle concernerait 4% de la population selon le Vidal et peut être associée à une dépression, ou une autre forme d'anxiété (trouble panique, phobies, troubles obsessionnels compulsifs).

Le diagnostic nécessite la présence depuis plus de six mois des symptômes suivants :

  • une anxiété excessive, persistante et irrationnelle, dans la plupart des situations de la vie quotidienne ; 
  • des difficultés majeures à se raisonner et à contrôler ses préoccupations ;
  • au moins trois des six éléments suivants : agitation, irritabilité, difficultés de concentration, troubles de la mémoire, troubles du sommeil, irritabilité, tensions musculaires. 

Les thérapies, une efficacité prouvée

La première approche de prise en charge comporte les thérapies, de type cognitives et comportementales. Ces thérapies brèves apprennent à repérer les pensées anxieuses et les comportements inadaptés puis à apprendre de nouvelles manières de réagir (ce que les psys appellent une "restructuration de la pensée"). Elles sont aussi efficaces que les traitements médicamenteux dans le trouble anxieux généralisé et permettent de réduire les posologies des médicaments.

Les thérapies analytiques pourraient être efficaces chez certains patients, souffrant d'un trouble de la personnalité et permettraient au patient de comprendre pourquoi il a développé ce trouble anxieux.

Les médicaments : anxiolytiques et antidépresseurs

La prise de médicaments psychotropes peut se révéler indispensable et le médecin déterminera celui qui est le plus adapté. Ils sont en général prescrits en cas d'insuffisance ou d'échec de la thérapie, ou lorsque les troubles sont invalidants, pour passer le cap aigu. Ils ont une action brève car ils "anesthésient" l'angoisse, mais n'ont aucun effet sur leur cause.

Les traitements recommandés comportent les anxiolytiques, qui doivent être pris moins de 12 semaines puis arrêtés en réduisant très progressivement les doses. Les principaux médicaments utilisés sont l'alprazolam (Xanax®), le bromazépam (Lexomil®), l'oxazépam (Seresta®) ou encore le prazépam (Lysanxia®).

Une autre famille de médicament est utilisée : il s'agit de certains antidépresseurs qui ont une action sur l'angoisse, en dehors de leur action antidépressive. Il peut s'agir de l'escitalopram (Séroplex®), de la paroxétine (Deroxat®) ou de la venlafaxine (Effexor®).

La phytothérapie est souvent utilisée par les patients, avec des extraits d'aubépine, de passiflore, de valériane, etc., mais est habituellement insuffisante en cas de troubles anxieux. Elle est généralement incompatible avec les médicaments.

En l'absence de traitement, le trouble devient chronique et peut s'aggraver : des attaques de panique (voir ci-dessous) se greffent sur l'anxiété chronique, une dépression peut survenir, une augmentation de la consommation d'anxiolytiques ou d'alcool, de cannabis. Avec le bon interlocuteur (certains médecins généralistes formés, psychiatre ou psychologue) et une prise en charge adaptée, le trouble anxieux peut s'améliorer et disparaître.

Améliorer son hygiène de vie pour réduire l'anxiété

Une bonne hygiène de vie est aussi vivement recommandée et contribue à diminuer l'angoisse : arrêt de l'alcool et du tabac, réduction de la consommation de café, pratique régulière d'un sport, respect de ses besoins de sommeil.

Un équilibre épanouissant entre la vie personnelle, le travail, les loisirs et le repos aide à chasser l'anxiété. Des exercices de respiration, simples à mettre en oeuvre, apportent un certain soulagement et sont à faire plusieurs fois par jour. La méditation a un effet sur le stress et l'anxiété, et se pratique en se concentrant sur sa respiration, sur un mot ou une image, sur un son, en se centrant sur l'instant présent.

Comment reconnaître une attaque de panique ?

Ce trouble panique se définit par la survenue d'attaques de panique de façon imprévisible et répétée, au moins une fois par mois, associée à la crainte envahissante d'avoir une nouvelle crise d'angoisse (ce que l'on appelle l'anxiété anticipatoire).

Les symptômes sont variés : une peur intense avec l'impression que l'on va mourir ou que l'on perd le contrôle, des palpitations, le sentiment que l'on étouffe, des sueurs, des tremblements, un malaise général,… La personne qui en souffre est consciente du caractère irrationnel de ses peurs.

2 à 5% de la population serait confronté à un trouble panique, au cours de sa vie (source : Vidal) et le trouble touche davantage les femmes que les hommes. Il évolue de manière chronique et il n'est pas rare de le voir associé à une dépression, une dépendance à l'alcool, aux benzodiazépines, des TOC, une phobie... Il ne nécessite de traitement que s'il y a plusieurs attaques, que la personne qui en souffre redoute avec angoisse la survenue de la prochaine attaque.

Quelle prise en charge pour les attaques de panique ?

La prise en charge fait appel aux thérapies et/ou à certains médicaments antidépresseurs, les mêmes que ceux utilisés dans l'anxiété généralisée. C'est lorsqu'ils sont associés que la prise en charge est la plus efficace.

Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) ont une efficacité égale aux antidépresseurs après un délai de 3 à 6 mois. Elles agissent sur les symptômes, permettent au patient de comprendre comment il fonctionne et comment il peut sortir de l'angoisse. Il prend peu à peu conscience du caractère irrationnel et conditionné de ses peurs et apprend des techniques pour désamorcer les crises, à l'aide d'exercices de respiration abdominale profonde, en particulier.

Après 3 à 6 mois, l'efficacité de la thérapie est évaluée, et si elle est insuffisante, un médicament est prescrit, à l'aide de certains antidépresseurs (qui ont des vertus anxiolytiques et n'entraînent aucune dépendance, à l'inverse des anxiolytiques). Il doit être commencé à dose faible puis progressivement augmenté. Il est important de savoir que l'effet thérapeutique ne survient qu'au bout de 6 à 12 semaines

Le traitement est en général long, supérieur à un an, avec une diminution progressive des doses. Les mêmes conseils d'hygiène de vie (voir encadré ci-dessus) sont indispensables ; les exercices respiratoires, la relaxation et la méditation sont des aides conséquentes pour apprendre à gérer son angoisse.

L'activité physique intense, à raison de 45 minutes trois fois par semaine, pendant plusieurs mois, pourrait être intéressante dans la prévention des attaques.

En savoir plus

Sur Allodocteurs.fr

Comment soulager un trouble anxieux généralisé ?
Crise d'angoisse : comment réagir ?
Comment distinguer un stress banal et ponctuel de l'angoisse ?
L'anxiété et les crises de panique sont-elles héréditaires ?
Quelle différence entre crises d'angoisse et spasmophilie ?

Ailleurs sur le web

Inserm
Ameli.fr
Organisation mondiale de la Santé
Haute Autorité de Santé
Psycom.org

Trouble anxieux

Voir plus

Les dernières vidéos

Plus de vidéos

Nos fiches santé

Voir toutes les fiches santé