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En finir avec ses complexes

Un gros nez, une petite poitrine, trop de ventre... Tout le monde se trouve des petits défauts. Si certains l'admettent et vivent avec, pour d'autres ils deviennent un réel handicap social. D'où viennent ces complexes physiques et comment y faire face ? Comment gagner en estime de soi et sortir de l'isolement ?

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

L'évolution des standards de beauté

Les standards de beauté n'ont cessé d'évoluer.

Bégaiement, nez de travers, oreilles décollées, kilos en trop… Autant de petits défauts qui peuvent se transformer en véritable obsession. On parle alors de complexes. Ces complexes peuvent être physiques mais aussi sociaux ou encore intellectuels et deviennent parfois un véritable handicap social. Dans tous les cas, l'estime de soi est mise à mal.

Beaucoup d'hommes et de femmes complexent parce qu'ils ne correspondent pas aux standards de la mode et des magazines. Si les corps minces et athlétiques sont aujourd'hui valorisés, il n'en a pas toujours été ainsi. De l'Antiquité jusqu'au XXIe siècle, les standards de beauté n'ont cessé d'évoluer.

Elle est grande, mince et athlétique, Athéna incarne parfaitement la femme de l'Antiquité. Mais pour les Grecs, le canon de beauté est avant tout masculin comme l'explique Georges Vigarello, historien spécialiste du corps : "L'accent est fortement mis sur le côté athlétique de l'homme, le côté musculaire, le côté puissant, l'image de ce qui correspond à de la virilité…".

Au Moyen-Âge, c'est la femme qui incarne la beauté. Elle doit être blonde, symbole de la puissance viking et avoir le teint pâle. Une importance particulière est accordée au front. Plus il est imposant, plus la femme est attirante. La couleur rousse est proscrite car associée par l'église à la sorcellerie. Certaines rousses se teignaient les cheveux avec de l'encre pour éviter de finir sur le bûcher.

Magnifiée par les peintres italiens, la femme de la Renaissance a les cheveux blonds vénitiens. Au corps frêle médiéval succède un corps charnu tout en rondeurs : "Incontestablement, la chair pulpeuse, la chair qui a au fond une sorte de densité et d'épaisseur est une chair appréciée. Et elle est considérée de surcroît comme susceptible d'érotisme", note Georges Vigarello. L'homme parfait, lui, ressemble à l'homme antique. Il doit avoir les proportions idéales modélisées par De Vinci.

Au XVII et au XVIIIe siècle, la beauté doit être artificielle. Les femmes se maquillent à outrance et portent des corsets extrêmement cintrés pour affiner leur silhouette. Une attention particulière est donnée au teint qui est poudré pour être le plus blanc possible. Les rougeurs sont proscrites et tous les moyens sont bons pour s'en débarrasser.

Au XIXe siècle, deux visions de la beauté s'opposent : d'un côté la bourgeoise vertueuse, potelée et bien portante et de l'autre la belle malade, une femme chétive aux yeux cernés et aux joues creuses. Elle symbolise le mystère et l'exotisme. Pour les hommes, la mode est aux hauts-de-forme et à la moustache, c'est l'époque des dandys.

Le XXe siècle marque la libération du corps féminin avec la garçonne. Une femme androgyne à l'allure élancée et à la coupe de cheveux masculine. "Le dessous va l'emporter sur le dessus", note Georges Vigarello, "les habits vont de plus en plus prendre la forme du corps, les habits vont laisser plus de place aux formes du corps et à la peau". Après la Seconde guerre mondiale, c'est l'avènement des pin-up, ces femmes glamour et sensuelles qui reflètent la libération des moeurs. L'homme, lui, est grand et athlétique, il doit incarner une certaine forme de virilité.

Le début du XXIe siècle a vu l'avènement de l'extrême maigreur. La femme idéale était émaciée et longiligne. Mais depuis quelques années, la mode valorise à nouveau les formes, preuve que les standards de beauté ne cessent d'évoluer.

Des complexes qui gâchent la vie

Il est parfois difficile d'accepter ses défauts. Sarah a décidé d'aller consulter une psychologue.

Grand nez, petits seins, grosses fesses, oreilles décollées, bégaiement… Si certains s'accomodent de leurs "petits défauts", d'autres vivent leurs complexes physiques, sociaux ou intellectuels comme de véritables handicaps, qui les empoisonnent tout au long de leur vie.

Sarah a 33 ans. Pendant des années, elle a souffert d'un complexe d'infériorité aussi bien au niveau personnel que professionnel.

La mode pour et par les rondes

Du complexe… à l'atout séduction !

Christelle et Lisa sont sorties de leur isolement de femmes fortes pour monter un magazine de mode sur Internet à leur image, tendance et décomplexé.

L'enfance complexée des roux

Caroline a dû affronter le regard et les moqueries de ses camarades. Une période pas facile à vivre.

Parfois, la couleur des cheveux devient un complexe. Cela peut paraître étrange, mais pour Caroline ça a été un vrai complexe durant toute son enfance.

Transformer ses complexes en atout

Myrtille a transformé son complexe en atout

Atteinte d'une malformation du nez, Myrtille a longtemps été la cible des moqueries. Complexée pendant des années, elle est aujourd'hui devenue comédienne et vidéaste et a su faire de son nez un véritable atout.

Quand Myrtille Chartuss prend la pose, elle en fait toujours des tonnes. Il faut dire que la caricature est un peu sa marque de fabrique et son originalité, c'est son nez. "Je m'aperçois que mon nez est un gros atout. Il peut être beau, laid, il peut jouer plusieurs rôles à la fois. Et quand on est comédienne et vidéaste, c'est plutôt un atout", explique la comédienne.

Si Myrtille entretient une complicité avec son nez, il n'en a pas toujours été ainsi. Atteinte d'une malformation appelée dysplasie, elle a longtemps été victime de moqueries. Opérée plusieurs fois du visage, elle a envisagé de se faire réduire le nez mais s'est ravisée.

Le nez de Myrtille a aussi fait l'objet d'une exposition. Pour Anne Millot, sculptrice-céramiste, le nez de Myrtille est en effet devenu une véritable source d'inspiration : "Le nez de Myrtille a de nombreuses facettes très particulières. Et moi j'ai énormément de plaisir car j'aime beaucoup sculpter des nez qui ne rentrent pas dans une norme esthétique parfaite".

Grâce à sa personnalité hors du commun et à son caractère bien trempé, Myrtille a réussi à transformer son complexe en atout. Un beau pied de nez à tous ses détracteurs.

Apprendre à aimer son corps

L'hôpital de Bullion en région parisienne accueille des enfants et des adolescents en surpoids. Ils apprennent à manger équilibré, à se mettre au sport mais aussi à se réconcilier avec leur image.

Faire face au miroir est une épreuve pour les adolescents en surpoids. Les ateliers relooking proposés par l'hôpital font partie de leur prise en charge. Car s'aimer, c'est aussi apprendre à se mettre en valeur.

Connaître les défauts et les atouts de son anatomie est la clé d'une tenue bien choisie. Pour identifier les vêtements et les motifs à éviter, des exercices en situation sont réalisés et une psycho-socio-esthéticienne donne des astuces pour tricher avec les vêtements.

Apprendre à s'aimer, se réconcilier avec son image, le processus prend du temps. Pendant leur séjour à l'hôpital, la psycho-socio-esthéticienne intervient chaque semaine pour redonner confiance à ces jeunes.

Mannequin albinos : de l'ombre à la lumière

Si les complexes sont le plus souvent un frein dans le développement personnel, certaines personnes inversent la tendance et arrivent à en faire un atout. C'est le cas d'Adrienne, un mannequin albinos.

"Dans la mode, être différent est un atout car on est unique", explique Adrienne. Depuis cinq ans, la mode est devenue son quotidien. En 2012, une agence de mannequins remarque ses photos sur les réseaux sociaux et la recrute. Aujourd'hui, à 38 ans, elle enchaîne les castings et les contrats pour des photographes.

Pourtant, rien ne prédestinait cette jeune femme mal dans sa peau à cette réussite : "Durant mon enfance, il y avait des moqueries donc je me bagarrais", confie la mannequin. Cette souffrance s'ajoute à un passé déjà très lourd. Née au Cameroun, la petite fille a été rejetée par ses parents à l'âge de 5 ans à cause de sa différence. Dans certains pays d'Afrique, les albinos sont persécutés.

Elle est alors envoyée en France où Adrienne est placée en famille d'accueil. En grandissant, le regard des autres est toujours un poids : "J'ai vécu très longtemps complexée. Je me cachais, je ne montrais pas mon albinisme. Je mettais des perruques, je me maquillais beaucoup… Je faisais tout pour cacher que j'étais albinos", raconte-t-elle. Mais tout changera avec l'arrivée de ses enfants.

Aujourd'hui, Adrienne a pris sa revanche. La jeune écorchée vive foule désormais les podiums la tête haute : "La mode m'a aidé à m'accepter telle que je suis, à m'aimer en tant qu'albinos, à aimer la couleur de ma peau…". La mannequin a fait de sa maladie son combat. Depuis six ans, elle dirige une association pour soigner et protéger les albinos en Afrique.

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