James Brussel, le premier profileur de l'histoire
Utiliser la psychologie dans la recherche criminelle n'est pas une idée nouvelle. Déjà à l'époque de Jack l'Eventreur, Scotland Yard avait demandé aux médecins légistes qui avaient examiné les victimes d'établir un profil psychologique du tueur, mais cela n'avait rien donné. Le premier profileur de l'histoire fut un psychiatre américain : le Dr James Brussel.
En décembre 1956, New York tremble. Depuis seize ans, un poseur de bombes fou dépose des engins explosifs dans les lieux publics. Consignes de gares, cabines téléphoniques, toilettes, cinémas… Aucun endroit n'est épargné.
La psychose s'empare de la ville. Celui que la presse surnomme désormais Mad bomber promet de repasser à nouveau à l'action et de faire de nombreuses victimes. La police est complètement désemparée. Sa seule piste : des lettres anonymes envoyées par Mad bomber. Un délire incompréhensible de récriminations dans lequel la société d'électricité de New York est mise en cause.
La naissance du profilage criminel
Mad Bomber pourrait être un salarié de la Consolidated Edison, mais comment le retrouver ? La société possède des centaines de dossiers de litiges. En désespoir de cause, l'inspecteur Finney qui mène l'enquête tente un pari. Il sollicite l'aide d'un psychiatre spécialiste de la criminalité : le docteur Brussel.
Durant toute une nuit, James Brussel se penche sur les lettres anonymes apportées par Finney. Et au petit matin, le médecin pense savoir qui se cache derrière le poseur de bombes fou. Selon lui, au vu des éléments contenus dans les lettres et du style employé, il s'agit d'un homme d'origine étrangère, et plus précisément d'Europe centrale.
Mad Bomber serait donc un immigré venu de l'Est. D'après le Dr Brussel, il devrait habiter dans le Connecticut où réside une importante communauté slave. Face à un inspecteur Finney de plus en plus médusé, le psychiatre donne alors des indications sur la personnalité du poseur de bombes : paranoïaque, asocial ou en difficulté avec la hiérarchie, mal aimé ou avec sentiment de persécution d'une hiérarchie qui ne le comprend pas ou qui le rejette.
C'est cette paranoïa qui expliquerait son désir de vengeance à l'encontre de la compagnie d'électricité. Et à partir de là, James Brussel déduit l'âge de Mad Bomber, estimé à 50 ans.
Pour le Dr Brussel, Mad Bomber serait célibataire. Le psychiatre le déduit de la manière dont Mad Bomber trace ses W. Il rajoute également un autre détail étonnant. Il annonce en effet aux policiers qu'au moment de son interpellation, le poseur de bombes sera vêtu d'un costume trois pièces avec un double boutonnage.
Le profilage au cœur des enquêtes contemporaines
Forts de ces descriptions, les employés de la Consolidated Edison se remettent donc au travail. Et c'est une secrétaire, Alice Kelly, qui après quelques jours, tombe sur une fiche qui semble correspondre. Elle appartient à Georges Metesky. L'homme a 54 ans, il est d'origine lituanienne et vit avec ses sœurs dans le Connecticut. Metesky a eu un différent avec la compagnie en 1931 suite à un accident sur une conduite de gaz.
Le Dr Brussel avait raison sur tout. Mad Bomber est bien un paranoïaque en mal de vengeance. Avec des allures de politicien en campagne et un sourire jubilatoire aux lèvres, Georges Metesky savoure ce qu'il considère être sa victoire sur la compagnie Edison.
Jugé pénalement irresponsable, Georges Metesky sera interné. Son arrestation à partir de simples lettres anonymes reste un cas d'école. Grâce à cette identification issue de déductions successives, le docteur Brussel a fait prendre un tournant à la police scientifique. Dorénavant, partout dans le monde, la dimension psychologique du meurtrier sera considérée comme un indice à part entière par les policiers.