Renaître après la découverte d'un secret de famille

Les origines, la sexualité, la maladie, la mort, le handicap, la stérilité, l'inceste... Les contenus des secrets de famille sont variés. Ils sont parfois cachés par honte, la culpabilité, ou encore à cause d'un deuil difficile... Mais s'il est tu, le secret se fait tôt ou tard sentir : attitudes étranges ou anxieuses de certains membres de la famille, voix murmurées lorsque certains noms sont prononcés... Autant d'indices qui peuvent alerter l'enfant et entraîner une véritable souffrance. Balval a dû attendre ses 46 ans pour enfin découvrir la cause de son enfance mouvementée.

"J'étais le vilain petit canard"

À 11 ans, Blaval fait une tentative de suicide. Un comportement suicidaire qui l'a suivie pendant très longtemps. En finir avec sa vie, pour la jeune Balval, c'est la seule solution pour en finir avec son mal-être. Car depuis sa plus tendre enfance, elle est rejetée par toute sa famille. "Je ne ressemblais pas au reste de la famille, j'étais très brune dans une famille de moyennement bruns", témoigne Balval. "J'étais le vilain petit canard" raconte-t-elle.

"J'étais en conflit avec mon père et plutôt délaissée par une mère qui ne me regardait pas, qui ne me prenait pas dans ses bras, qui n'avait pas de geste de tendresse vis-à-vis de moi" raconte-t-elle. Balval est persuadée que quelque chose lui est caché mais les questions restent sans réponse. Une fois adulte, elle décide de couper les ponts avec sa famille. Et ce n'est que le 26 octobre 2009, à l'âge de 46 ans, qu'elle découvre enfin la vérité.

Un véritable enquête sur les traces de son père biologique

"Un membre de ma famille m'appelle et me révèle que mon père n'est pas mon père officiel et que mon vrai père est un musicien hongrois, connu, qui est apparu à la télé dans les années 60, qui avait fait un tube, qui est un grand guitariste" détaille Balval. "Quand j'apprends ce secret, je passe une des semaines les plus merveilleuses de ma vie car je me dis, pour la première fois de ma vie, je vais ressembler à quelqu'un. Et ça, ça va être quelque chose de très fort."

Commence alors une véritable enquête sur les traces de son père biologique. "Pour retrouver mon père j'avais juste deux indices : qu'il était un musicien rom hongrois et qu'il avait participé au festival de jazz de Juan-les-Pins en juillet 1962" raconte Balval. "La première chose que j'ai faite, c'est donc d'éplucher le programme et j'ai trouvé un nom hongrois : Elek Bacsik."

"C'est vraiment une renaissance"

"C'est comme si rien ne s'était passé avant, que tout était parti aux oubliettes. Il y a eu un moment de colère aussi, et puis c'est comme si la page était blanche jusque là et la vie démarrait à ce moment-là. C'est vraiment une renaissance". Pendant plus d'un an, Balval retrace le parcours des 67 années de vie de son père, décédé avant que le secret ne lui soit révélé.

Tout ce qui lui reste de ce père inconnu, c'est une veste envoyée par un ami de son père, quelques vidéos et une passion pour la musique. Des souvenirs qui n'effaceront jamais les blessures du secret. "Je n'ai jamais connu mon père puisqu'il est mort quand j'avais 30 ans. Je regrette quand même de ne pas avoir pu échanger avec lui. C'est vraiment un très gros regret, mais je pense à lui tous les jours, à chaque minute."

De cette enquête sur les traces de son père, Balval a écrit un livre, publié en 2015 sous le titre Elek Bacsik, un homme dans la nuit.