Troubles obsessionnels compulsifs : les enfants comme les adultes
Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), touchent aussi bien les adultes que les enfants. D'apparence inoffensifs, ces rituels répétés en permanence peuvent pourtant vite tourner au cauchemar pour l'enfant. Comment y faire face ? Peut-on en guérir ?
D'où viennent les TOC ?
Se laver les mains plus de 100 fois par jour par peur d'être contaminé, vérifier sans cesse que sa porte est fermée... Des rituels qui peuvent devenir totalement envahissants, et qui sont présents pour conjurer des pensées angoissantes. Entre 2 et 3% des Français souffrent de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) selon l'association AFTOC. Derrière ces trois lettres se cachent souvent des souffrances profondes qui réclament beaucoup d'énergie pour les dépasser.
Aucune cause neurologique n'a réellement été identifiée pour expliquer cette maladie psychiatrique. Mais un dysfonctionnement au niveau d'un messager chimique du cerveau, la sérotonine, semble bien exister. Ce messager permet de transmettre l'influx nerveux entre les neurones de certains réseaux. Une fois libérée, la sérotonine est capturée par un récepteur (une pompe) du neurone suivant. Dans le cas de TOC, on note une hyperactivité de la sérotonine dans certaines zones du cerveau.
Autre indice : quand on consomme des substances chimiques qui ont la même action que la sérotonine, les symptômes obsessionnels compulsifs tendent à augmenter. Si au contraire on administre des substances qui bloquent l'action de la sérotonine, les signes s'atténuent.
Les TOC comportent deux types de perturbations psychologiques : les obsessions et les compulsions.
Les obsessions regroupent des pensées ou des images qui font irruption dans l'imaginaire de l'enfant. Elles reviennent sans arrêt, persistent et, la plupart du temps, elles sont anxiogènes et douloureuses. L'enfant va par exemple avoir peur de se salir, des germes et de la contamination, peur des catastrophes ou que quelque chose de terrible arrive à ses parents.
Les compulsions regroupent plutôt des actes répétitifs, comme toucher plusieurs fois le même objet ou se laver sans arrêt les mains ou encore compter et réciter la même phrase de façon précise et ritualisée. Ces compulsions ont pour but de diminuer l'angoisse générée par les obsessions. Le cerveau intègre cet effet bénéfique, mais comme il est de courte durée, l'enfant est "obligé" de répéter son rituel.
Chez les enfants et adolescents les rituels concernent beaucoup l'ordre, le rangement et la peur de nuire à ses proches. ils occupent plus d'une heure par jour et l'enfant se met en colère lorsque les parents essaient d'empêcher ses rituels (source : Vidal). Environ la moitié des personnes souffrant d'un TOC sont atteints d'une autre maladie psychiatrique.
Comment reconnaître un TOC ?
L'origine des TOC n'est pas vraiment connue, mais les spécialistes soupçonnent des causes génétiques et familiales. Une perturbation biologique serait aussi en cause. Ces actes, qui peuvent parfois prêter à sourire, ne procurent aucun plaisir au malade, qui se sent contraint de les accomplir. Les premiers signes peuvent apparaître dès la plus jeune enfance, vers l'âge de 4-6 ans.
Mais attention, il ne faut pas les confondre avec les petites manies qu'ont tous les enfants. Certains rituels font, eux, partie du développement psychique, intellectuel et affectif des enfants. Ils les aident à les protéger de l'extérieur.
Quelques indices peuvent permettre de les différencier des TOC : si l'enfant peut arrêter son rituel sans crise, il ne s'agit sans doute pas d'un trouble obsessionnel. En revanche, s'il prend plus d'une heure pour effectuer ce rituel, cela peut être le cas.
Ces rituels qui empoisonnent la vie de l'enfant
Les rituels vont envahir progressivement la vie de l'enfant, jusqu'à empoisonner sa vie quotidienne avec sa famille, ses amis et même à l'école. Il peut dans certains cas se retrouver en échec scolaire.
L'enfant se renferme, s'isole de plus en plus pour faire ses rituels. Les tout-petits ne se rendent pas comptent que leurs comportements ne sont pas normaux, ils leur trouvent une explication, mais les adolescents ont parfaitement conscience de l'absurdité du geste, et c'est justement ce qui va les rendre plus agressifs, plus renfermés. Ils ont peur d'en parler, peur d'être pris pour des fous. Ils donnent l'impression d'être tristes et fatigués.
Comment faire face à ses TOC ?
Ces obsessions, ces compulsions, ces rituels sont intérieurs ou extériorisés. Pour l'individu qui en souffre, ces pensées ou comportements répétitifs sont irrépressibles. Il est contraint de les faire même s'il en reconnaît le caractère absurde. Les TOC peuvent sérieusement altérer la vie des personnes qui en souffrent.
Soigner les TOC est possible. La première chose à faire est de ne pas aider l'enfant à accomplir sans arrêt son TOC.
Il faut surtout consulter un psychologue le plus tôt possible. L'enfant aura ainsi plus de chance de se débarrasser de ses TOC et de mener une vie plus tranquille.
La thérapie comportementale et cognitive, associée à la prise de médicaments, reste le traitement le plus courant dans la prise en charge des troubles obsessionnels compulsifs. C'est une thérapie active pendant laquelle le thérapeute va demander à son patient d'effectuer des exercices afin de dépasser ses angoisses.
Autre solution : quand les TOC sont très invalidants et résistants aux traitements psycho-comportementaux et médicamenteux classiques, la psychochirurgie peut être une bonne indication. Depuis 2008 une vingtaine de patients par an, souffrant de TOC très sévères, ont été opérés en France dans le cadre de protocoles thérapeutiques. Cette chirurgie consiste à introduire une électrode au niveau du noyau subthalamique. Pour se faire, le neurochirurgien fait un trou de quelques centimètres au niveau de la boîte crânienne. À l'aide d'un guide, il introduit une mini-électrode reliée à un câble. Une fois le crâne refermé, ce câble est relié à un petit boîtier placé sous la clavicule du patient. C'est à partir de ce boîtier que la stimulation s'effectue.
Une thérapie comportementale chez les adultes
Chez les adultes aussi, la thérapie comportementale est le pilier du traitement. Elle apprend à affronter progressivement ses angoisses sans compulsion. La thérapie donne des outils pour affronter ses angoisses. Là encore, un médicament antidépresseur est associé à la thérapie.
La stimulation magnétique transcrânienne ou la chirurgie dite lésionnelle sont à l'étude pour les cas les plus graves.
TOC : les thérapies de groupe
Si le plus souvent la prise en charge médicale des TOC est individuelle, elle peut aussi être collective sous forme d'ateliers comme des cours de théâtre.
Aux rituels toujours tu te plieras. Le TOC, tu aimeras et pourtant, il te détruira… C'est pour réussir à se défaire des commandements de leurs tocs que des patients sont hospitalisés.
Se laver les mains pendant des heures, tout vérifier tout le temps, croire que l'on pourrait provoquer la mort d'un proche par la simple pensée… Les rituels et les tocs sont variés. Des tocs qui prennent la parole dans des jeux de rôle. Participer à des jeux de rôle et être en groupe permet d'échanger sans tabou, sans peur d'être jugé.
Pour beaucoup, l'hospitalisation dure plusieurs semaines, le temps pour chacun d'affronter ses peurs et d'affaiblir voire d'éliminer ses rituels et ses tocs.
TOC : quand l'hospitalisation s'impose
L'ordre, la propreté, la symétrie… les personnes qui souffrent de TOC (troubles obsessionnels compulsifs) peuvent aussi être envahies par des doutes ou des peurs irrationnelles... Cette maladie, qui peut être très handicapante au quotidien, touche 2% à 3% de la population (source : INSERM). Il s'agit ainsi de la quatrième pathologie psychiatrique la plus fréquente après les troubles phobiques, les addictions et les troubles dépressifs.
Parfois, quand les TOC sont importants, une hospitalisation dans des centres spécialisés est nécessaire. "L'hospitalisation fait que les patients s'occupent d'eux tout le temps, ils sont aidés par les autres patients et par les soignants. Ils ont des tas d'informations qu'ils n'ont pas dehors, et un psychiatre les voit tous les jours et les infirmiers aussi. Tous les atouts sont donc réunis pour avancer", explique le Dr Monique Rey, psychiatre.
Mais à l'issue de l'hospitalisation, la bataille n'est pas finie. Une fois rentrés chez eux, les patients doivent poursuivre leurs efforts pour garder la maîtrise de leurs tocs.