Sauna, hammam : entre bienfaits et contre-indications
De plus en plus de Français apprécient les vertus du hammam et du sauna, espérant ainsi se détendre, éliminer les toxines, ou avoir une jolie peau. Cette chaleur est-elle toujours synonyme de bien-être ? Convient-elle à tout le monde ? Quels sont les bienfaits et les risques de ces pratiques ?
Les étapes du rituel du hammam
Adaptés au mode de vie citadin, les hammams, empruntés à la tradition de l'Islam, fleurissent aujourd'hui dans toutes les villes de France. Ils proposent une palette de soins, censés éliminer les toxines, le stress, la mauvaise humeur, la cellulite, les peaux mortes... Un vocabulaire qui mélange santé et bien-être, mais qu'en est-il vraiment ?
Première étape du hammam : le bain de vapeur. Avec un principe : transpirer. Contrairement aux idées reçues, la transpiration n'élimine pas de toxines et ne nettoie pas la peau, mais elle l'hydrate. Mais grâce à la chaleur, le corps se détend. La chaleur décontracte en effet les muscles et soulage les articulations. En effet, comme le muscle est relié à l'articulation par le tendon, quand le muscle se détend, l'articulation se décrispe et la douleur articulaire faiblit.
Dans la salle chaude, la température atteint 48°C. Cette salle est interdite aux femmes enceintes, car la chaleur dilate les vaisseaux et fragilise le système veineux, qui est très développé pendant la grossesse.
Quant à la vapeur, ses bienfaits sur les voies respiratoires sont connus depuis longtemps. L'humidité diminue l'accumulation de mucus dans les bronches et facilite l'échange d'oxygène dans les poumons.
Deuxième étape rafraîchissante : la piscine. Après le bain de vapeur, le corps doit s'adapter à une différence de température de 20° et là encore, il faut être vigilant. Plonger brutalement dans la piscine sans avoir eu le temps d'habituer le corps à la nouvelle température expose à un risque de désordre cardio-vasculaire. La tension peut varier, des douleurs cardiaques peuvent apparaître et des troubles du rythme cardiaque peuvent aussi survenir avec, à la clé, un risque d'arrêt cardiaque. Ce rituel doit donc être évité absolument en cas d'antécédents cardiovasculaires.
Dernière étape : le massage relaxant. Mais attention, ces massages ne sont pas pratiqués par des professionnels de santé. L'objectif est donc de détendre et non de réparer une région du corps abîmée ou douloureuse.
Enfin, sachez que la chaleur et l'humidité des hammams sont des terrains propices au développement de germes. Pour éviter le développement de bactéries pathogènes, des contrôles d'hygiène sont régulièrement effectués dans ces établissements.
Hammam : le bien-être à l'orientale
Dans le hammam, la chaleur est humide, elle varie entre 37 et 50 degrés. Dans le sauna, la chaleur est sèche et peut avoisiner les 90 degrés. Dans la tradition marocaine, le hammam est suivi d'un gommage au gant de crin et d'un enveloppement à l'argile minérale. Après une vingtaine de minutes de hammam, la deuxième étape consiste à appliquer un savon noir. Le savon noir est constitué de pâte d'olive et d'huile essentielle d'eucalyptus pour son pouvoir décontractant et décongestionnant. Le but est de ramollir la peau pour la préparer au gommage.
À l'aide d'un gant contenant des microbilles, les masseuses frottent méthodiquement le corps avec des mouvements circulaires. Les cellules mortes sont alors éliminées en profondeur. Après le gommage, le rhassoul, une terre argileuse provenant du Moyen-Atlas marocain, est appliqué pour nourrir et purifier la peau. L'enveloppement dure entre dix à vingt minutes. Et après une petite douche, vient alors le moment du massage.
Le sauna, une pratique très ancienne
Le sauna est une tradition ancienne née en Finlande il y a plus de 2 000 ans. Il s'est ensuite développé en Suède, en Norvège, en Russie et même au Japon.
Si des vestiges archéologiques laissent penser que les Vikings seraient à l'origine du sauna, sa pratique se développe surtout dans les fermes finlandaises à partir des années 1800. Selon la croyance populaire, transpirer fait sortir les maladies du corps.
En Russie, on ne parle pas de sauna mais de bania. Ils étaient à l'époque associés à un petit esprit farceur soupçonné de prendre son bain à la nuit tombée. À partir des années 1910, le sauna devient une véritable tradition dans les pays du nord. Les soldats de l'armée finlandaise ont pour habitude de s'y prélasser en rentrant de mission. Ils se flagellent le corps avec des branchages afin de stimuler la circulation sanguine.
Autre coutume des pays nordiques, se rouler dans la neige immédiatement après le bain de vapeur. Ce brusque changement de température aurait pour effet de tonifier les tissus et de resserrer les pores de la peau.
Dans d'autres pays comme le Japon, le sauna est pratiqué d'une manière plus originale. Le suna-mushi est une tradition qui remonte au début du XIXe siècle. Le principe est simple, il faut s'enterrer jusqu'au cou dans du sable volcanique. Situé à proximité des sources chaudes, le sable atteint une température de près de 50 degrés. L'objectif est de libérer les toxines et de stimuler la circulation sanguine.
Aujourd'hui, le sauna moderne est principalement électrique ou à infrarouges. S'il est utilisé de façon occasionnelle dans les pays européens, il reste une véritable tradition dans les pays nordiques. On estime par exemple qu'il y aurait en Finlande près d'un sauna pour trois habitants.
Du bon usage du sauna
Le sauna est une tradition qui nous vient des pays scandinaves. Là-bas, on y va une à deux fois par semaine pour se laver, mais aussi se détendre et se retrouver entre amis ou en famille. Une jeune Finlandaise nous explique le rituel du sauna dans son pays.
Hammam : suer pour bien récupérer
Les sportifs de haut niveau peuvent aussi bénéficier de séances de hammam pour récupérer de leur entraînement intensif. C'est notamment le cas à l'Institut National Du Sport et de la Performance (INSEP) à Paris.
"La chaleur permet d'une part de diminuer le tonus musculaire donc cela va permettre de limiter les contractures, les lésions engendrées comme les courbatures... Et d'autre part, la chaleur a un effet antalgique. Après une séance de hammam, le sportif aura moins de douleurs et cela va engendrer une meilleure récupération", explique le Dr Sébastien Le Garrec, médecin du sport.
L'effet relaxant est obtenu grâce à la température élevée du hammam : "La chaleur stimule la sécrétion d'un neuropeptide appelé beta-endorphine. Et après une séance de hammam, on se sent bien, on a envie d'aller dormir, on se sent reposé...", précise le Dr Le Garrec.
Alors que le sauna est caractérisé par une chaleur sèche, dans le hammam, le taux d'humidité frôle les 100%. Un bain de vapeur bénéfique pour les voies respiratoires : "Le fait d'inhaler de la vapeur d'eau favorise un mucus qui sera beaucoup plus fluide, qui va permettre d'évacuer les sécrétions… et lorsque vous êtes un peu malade, les séances de hammam vont permettre de guérir un peu plus vite d'une sinusite, d'un rhume voire d'un encombrement bronchique". Après une séance de hammam, pour éviter la déshydratation et subir une baisse de leurs performances, les athlètes doivent boire de l'eau.