Rugby : si rien ne change, "un joueur pourrait mourir devant les caméras de télévision"
D'anciens joueurs de rugby réclament la fin des remplacements hors protocole médical pendant les matches. Il en va de la santé des joueurs.
Stop au rugby dangereux ! Un groupe d’entraîneurs et d’anciens joueurs adresse une lettre ouverte à la fédération internationale, World Rugby. Ils demandent que le nombre de changements autorisés pendant un match soit limité à quatre, uniquement pour raisons médicales.
Actuellement, les entraîneurs peuvent procéder à huit changements par rencontre, pour des raisons soit tactiques soit médicales. "Ce serait une négligence terrible que de maintenir le statu quo", écrivent les signataires, parmi lesquels on compte l'Écossais Ian McGeechan, l'Irlandais Willie John McBride et les Gallois Gareth Edwards, Barry John et John Taylor.
Un jeu inutilement dangereux
"Le rugby à XV a été conçu comme un jeu à 30 joueurs, 15 par équipes. Avec les huit remplacements par équipe actuellement en vigueur, dont beaucoup sont des ‘joueurs de percussion’ ou des ‘finisseurs’, ce nombre peut être porté à 46", affirment ces anciens joueurs.
"Cela transforme tout le jeu, entraîne davantage de collisions et en fin de match, beaucoup de ‘géants’ tout frais percutent des joueurs fatigués", ce qui met ces derniers en danger.
Rendre le jeu plus sûr
N'autoriser que des changements pour raisons médicales "rendra le jeu plus sûr, une opinion partagée par d'importants joueurs et d'éminents membres du corps médical", affirment les signataires de la lettre ouverte.
Ils citent notamment l'ex-joueur gallois Sam Warburton, qui a pris sa retraite sportive en 2019, à seulement 29 ans. Pour l’ancien troisième ligne si rien ne change "prochainement, un joueur professionnel pourrait mourir pendant un match, devant les caméras de télévision".
Inaction de World Rugby
Le patron de World Rugby, l'Anglais Bill Beaumont, s'était prononcé en 2020 pour une expérimentation qui n'autoriserait les remplacements que pour les joueurs blessés.
"Malheureusement, plus de 18 mois plus tard, World Rugby n'a rien fait", regrettent les auteurs de la lettre. La question des commotions cérébrales, causées par les nombreux chocs subis par les joueurs, fait l'objet de polémiques récurrentes dans le rugby depuis plusieurs années.
D'anciens joueurs, comme l’ex-talonneur anglais Steve Thompson, ont engagé des procédures judiciaires contre les institutions du rugby pour les lésions cérébrales dont ils souffrent, après la fin de leur carrière.