Arthur Guérin-Boëri : un apnéiste qui n’a pas froid aux yeux !
A 36 ans, Arthur Guérin-Boëri a déjà décroché 5 titres de champion du monde. Il est aussi le Français le plus titré de l’histoire de ce sport. Portrait d’un sportif d’exception qui se lance de nouveaux défis... cette fois-ci sous la glace !
L'apnée est une discipline qui fascine autant qu'elle effraie. Retenir son souffle, perdre ses repères et se laisser envoûter par le monde obscur, silencieux et mystérieux de la banquise, pour Arthur Guérin Boëri, c’est son quotidien. Ce jeune apnéiste peut tenir plus de 7 minutes sans respirer sous l’eau. Un voyage de l’extrême pendant lequel chaque mouvement est millimétré et l’envie de respirer, une lutte permanente.
Le 11 mars 2017, Arthur Guérin Boëri, réalise un record, 175 mètres de nage en apnée sous la glace au cœur de la Finlande. Sous la banquise, ou lors des entraînements en piscine, les sensations de l’apnée sont hypnotisantes.
"Le fait de se retrouver en apesanteur, dans l’eau, dans le silence, au contact avec l’élément la sensation de glisse, il y a un réel bien être qui est ressenti. En plus on bloque sa ventilation ce qui est très symbolique, on se coupe du monde extérieur donc dans ce silence et cette apesanteur, il y a un truc très grisant, c’est très agréable" explique-t-il.
Un athlète de haut niveau qui aime les défis
Son prochain défi, retrouver les profondeurs de la banquise et établir un nouveau record, en laissant cette fois-ci palmes et combinaison à la maison : "Je serai dans une eau entre 0 et 2 degrés en slip, sous 50 centimètres de glace minimum, donc il y a vraiment un volet acclimatation au froid très important à gérer, je dirais même qu’aujourd’hui c’est le plus gros travail pour moi plus que l’apnée".
Pour acclimater son corps au froid et préparer ce défi hors normes, l’entraînement est quotidien. Arthur est entouré d’une équipe d’experts, et dispose d’équipements très sophistiqués. Une brassière analyse et enregistre le rythme cardiaque en temps réel, il doit également avaler un drôle de médicament.
"On lui fait avaler une capsule thermique pour analyser la température corporelle, c’est-à-dire la température vraiment dans le corps. Ca va nous permettre de vérifier que la température corporelle ne baisse trop et si elle baisse, de surveiller la tolérance au niveau cardiaque et respiratoire" précise un membre de son équipe.
Voir le monde différemment
L’entraînement commence par quelques minutes de relaxation musculaire et de détente. La maîtrise de soi et la concentration sont des éléments clés pour réussir dans cette discipline comme l'explique son préparateur physique : "On va essayer de travailler pour que l’apnéiste puisse respirer au maximum, c’est-à-dire augmenter l’amplitude thoracique, pour emmagasiner un maximum d’air et qu’il n’y ait pas de tension quand on a de l’air".
Tout au long de son effort, les constantes du sportif sont enregistrées. Hors de l’eau, Arthur parvient à tenir 5 minutes sans respirer, sans grande difficulté. Une fois immergé dans un bassin d’eau froide, la performance est beaucoup plus complexe à reproduire.
"Quand on se plonge dans une eau à 9 degrés, l’immersion, c’est-à-dire le fait de mettre la tête sous l’eau on a un certain nombre de récepteurs au niveau du visage, autour des orbites, qui fait que immédiatement on a la fréquence cardiaque qui baisse ça peut constituer un danger notamment quand le cœur est trop lent.
On a vu lorsqu’il arrive au terme de son apnée il est à 30 par minutes, on est à la limite du fonctionnement cardiaque normal et à côté de ça on voit que la tension artérielle monte de manière reflex pour maintenir le débit cardiaque au maximum dans ces conditions extrêmes".
Une envie de respirer plus forte
Arthur tente de repousser les limites de son corps, mais au bout de 3 minutes, l’envie de respirer est plus forte : "On essaie des trucs différents à chaque fois. Là on a fait une apnée de 5 minutes à sec et on est passés dans l’eau froide, ce qui a ralenti mon métabolisme, je me suis refroidi, et donc dans l’eau froide je n’ai pas supporté".
Une apnée écourtée mais vite oubliée. Le soir même, Arthur a rendez-vous pour une petite expédition nocturne. La pluie, une eau à 7 degrés… les conditions idéales pour plonger une petite tête dans le canal de l’Ourcq à Paris et poursuivre son entraînement d’acclimatation au froid !
"Elle pique, elle pique, j’ai l’impression qu’elle est à 0. C’est toujours les 2, 3 premières minutes qui sont difficiles et après ça se calme" raconte-t-il.
Le 26 mars 2022 au Canada, Arthur tentera d’établir un nouveau record du monde, parcourir 102 mètres en apnée sous la banquise, sans palme ni combinaison.