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Nage en eau froide, un sport de l'extrême

Certains s'en aspergent les jambes pour améliorer la circulation sanguine, d'autres s'en tamponnent les yeux chaque matin pour les décongestionner… À petite dose, l'eau froide est une précieuse alliée. Des amateurs ont choisi, eux, de s'y plonger intégralement à des températures avoisinant le zéro degré. Et ils en retireraient de nombreux bienfaits. Ce sont les adeptes de la nage en eau froide ou en eau glacée. Comment le corps réagit-il à ce genre d'immersion ? Et comment gérer les variations de températures de notre organisme dans l'eau ? Explications.

La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Les rituels matinaux réservent parfois de mauvaises surprises et la douche froide en fait partie. Mais Alexandre Fuzeau, lui, aime l'eau froide, très froide même. Trois fois par semaine, il se plonge dans l'eau de la Seine qui en mars, dépasse rarement les 5 degrés. Une agression pour le corps peut-être, mais une agression qui d'après lui, stimule ses défenses immunitaires.

Alexandre en est sûr, il doit sa santé de fer à ses baignades hebdomadaires. Un vrai bain de jouvence : "La première sensation, c'est bien sûr la brûlure du froid comme le chaud intense brûle. C'est la raison pour laquelle on peut être rouge, un peu comme un coup de soleil. C'est la sensation primaire, c'est-à-dire ce que ressent le corps. L'autre sensation, c'est une sensation de repos, de bien-être", décrit-il.

Cette sensation de bien-être ne doit pas s'affranchir d'un suivi médical. L'immersion dans l'eau glaciale a beau être stimulante, elle n'est pas sans conséquence pour l'organisme comme l'explique le Dr Sébastien Le Garrec, médecin du sport : "On est tous plus ou moins apte à nager dans l'eau froide et dans l'eau glacée. Mais il y a des précautions à prendre. On sait que le travail cardiaque lorsque vous allez vous immerger dans l'eau froide va être violent. Le risque, c'est l'hydrocution. Il faut donc être aussi capable d'encaisser cette charge sanguine violente qui arrive au cœur".

En France, Alexandre Fuzeau est l'un des rares adeptes de cette pratique. Mais en Russie ou dans les pays scandinaves, la nage en eau glacée est un sport à part entière. On y organise même des championnats du monde auxquels Alexandre a participé.  

La nage en eau glacée n'est pas un sport reconnu en France mais dans des disciplines officielles telles que la nage en eau libre, la température de l'eau peut aussi varier. Et elle est strictement encadrée par la Fédération internationale de natation. "Pour la nage en eau libre, la réglementation impose d'avoir une température qui soit supérieure à 16 degrés. Dès qu'elle est inférieure à 16 degrés, on sait que le risque va commencer à apparaître", souligne le Dr Le Garrec.

Dans cette discipline d'endurance, les combinaisons en néoprène sont interdites. Alors selon les épreuves (cinq, dix, vingt-cinq kilomètres), les nageurs passent cinquante minutes à six heures dans l'eau. Et ce, en toutes circonstances : "Le problème du nageur d'eau libre, c'est de savoir s'adapter à toutes les conditions. Le nageur d'eau libre doit être capable de nager dans une eau relativement chaude, dans une eau relativement froide, de savoir nager dans de l'eau dormante comme un lac, dans un fleuve avec le courant, ou en mer avec les vagues… Il faut s'adapter aux conditions et s'entraîner pour", confie Eric Boissière, entraîneur national au Pôle espoirs natation course et eau libre.

Pour apprivoiser le froid, certains nageurs s'enduisent le corps de graisse, enfilent un deuxième bonnet ou prennent régulièrement des douches glacées. Ils le savent, en compétition, savoir résister aux variations de températures fait souvent la différence.

Plus que le froid, les nageurs en eau libre doivent aussi affronter la chaleur contre laquelle il est souvent beaucoup plus difficile de lutter. Pour éviter les risques cardiaques, en compétition officielle, la température de l'eau ne peut excéder les 31 degrés.

Attention toutefois à ne pas nager n'importe où. Cela peut être dangereux. Aucune zone de baignade n'est d'ailleurs autorisée dans la Seine. Et si le fleuve n'a pas été aussi propre depuis 40 ans, plonger dans ses eaux présente encore de sérieux risques sanitaires.

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