Cancer du sein : l'intelligence artificielle dépiste aussi bien que les radiologues
L'intelligence artificielle (IA) confirme ses promesses dans le dépistage du cancer du sein. Elle dépiste davantage de cancers du sein que le protocole standard des radiologues.
L'IA attise les craintes comme les espoirs. Mais dans le domaine du cancer du sein, elle pourrait se révéler un outil de dépistage précieux pour les radiologues.
Une étude suédoise publiée dans le Lancet du mois d'août apporte un argument de plus en ce sens. L'équipe a voulu tester la sécurité d'un dépistage effectué par une intelligence artificielle (IA), doublé d'une lecture par un radiologue, par rapport au protocole standard.
Outre le fait que l'IA permet d'améliorer le nombre de dépistages, cette étude permet avant tout de confirmer qu'il n'y a pas de risque à ce que les radiologues utilisent un logiciel d'IA pour orienter leur analyse.
Plus de dépistages en moins de temps
Pour arriver à cette conclusion, plus de 80 000 femmes ayant effectué une mammographie ont été divisées en deux groupes.
Le dépistage du premier groupe reposait sur le protocole standard, associant deux analyses de radiologues indépendants. Les mammographies du second groupe ont été analysées à la fois par l'IA et par un seul radiologue.
Conclusion : le groupe assisté de l'IA n'a pas enregistré de moins bonnes performances que l'autre. Près de 20% de cancers supplémentaires ont même été détectés (6,1 pour mille analyses avec l'IA, contre 5,1 pour le groupe contrôle). Le taux de faux positifs, ces dépistages qui s'avèrent erronés, était équivalent.
L'IA confirme qu'elle ne met pas en péril la santé des patients ; un seul radiologue étant nécessaire, la charge de travail des radiologues pourrait être réduite par le logiciel d'intelligence artificielle : les radiologues du groupe utilisant l'IA avait passé 44% de temps en moins à analyser les clichés.
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Des années de recul sont encore nécessaires
Ces résultats confirment l'intérêt de l'IA dans le dépistage du cancer du sein, le plus fréquent chez les femmes. Mais il est encore beaucoup trop tôt pour intégrer la technologie dans le dépistage généralisé, qui concerne toutes les femmes de 50 à 74 ans.
L'intelligence artificielle doit encore prouver sa performance face au double regard humain, avec plusieurs années de recul.
L'équipe suédoise poursuit donc l'étude et analysera dans deux ans le nombre de cancers non détectés lors du dépistage.
Un risque de surdiagnostic
De plus, la performance de l'IA fait courir le risque de surdiagnostic, autrement le diagnostic de lésions qui n'auraient pas évolué en cancer dangereux sans traitement.
Les détracteurs du dépistage généralisé lui reprochent déjà ce risque ainsi que les séquelles des traitements.
Le risque de surdiagnostic "doit encourager à la prudence quant à l'interprétation des résultats", a prévenu le cancérologue Nereo Segnan, étranger à l'étude, dans un commentaire au Lancet Oncology. La prudence reste donc de mise, en dépit des promesses de l'intelligence artificielle.