Cancer du sein : qu'est-ce que la tomosynthèse ?
Les experts de la Haute Autorité de santé recommandent cette nouvelle technique d’imagerie en 3 D pour améliorer l’efficacité du dépistage du cancer du sein. Ces diagnostics encore plus précoces pourraient sauver plus de vies.
Cela ressemble à une mammographie, mais ce n’est pas une mammographie classique. La compression est très importante pour la bonne analyse de la glande mammaire. Il s’agit d’une tomosynthèse, une imagerie mobile du sein pour mieux le visualiser.
"Pendant la tomosynthèse, le tube à rayons X se déplace au-dessus de la patiente et balaye le sein. On récupère un volume, ici une épaisseur de 57 mm. Le médecin se promène ensuite dans le sein, tranche par tranche. Cela donne des coupes millimétriques, très fines qui permettent d'analyser le sein plus précisément", explique Céline Gatebled, manipulatrice radio au centre hospitalier d’Argenteuil.
Détecter plus tôt et éviter de fausses alertes
En plongeant ainsi à l’intérieur du sein, les radiologues peuvent découvrir une tumeur à un stade très précoce. Quand elle forme une petite étoile à peine perceptible dans la glande mammaire.
"La tomosynthèse va découper et entrer dans le sein, elle va tomber juste sur la lésion sur quelques millimètres. L'étoile apparaît, elle ne va être visible que sur 2-3 coupes et puis après elle va disparaître. Sur la mammographie standard, on ne voit absolument rien parce qu'elle est noyée dans le reste de la glande", explique le Dr Estelle Bertolle, radiologue, centre hospitalier d’Argenteuil.
En plus de détecter des tumeurs plus tôt, la tomosynthèse peut éviter des fausses alertes créées par la mammographie classique.
"Le problème de la mammographie, c'est que c'est un amoncellement de plans les uns sur les autres. Parfois en mammographie, on va voir des images de pseudo-étoiles et quand on rentre dedans avec la tomosynthèse, l'étoile disparaît. On voit un trait en avant, un autre trait au milieu puis à la fin un dernier… La tomosynthèse dit qu'il n'y a rien, que tout est bien et qu'il faut continuer la surveillance habituelle", poursuit le Dr Estelle Bertolle.
Une technique qui doit encore gagner sa place
Cette précision supplémentaire a conduit la Haute Autorité de santé à recommander l’intégration de la tomosynthèse dans le circuit du dépistage organisé du cancer du sein. Sous réserve d’une expérimentation supplémentaire.
"Ça pourrait être intéressant, néanmoins, nous avons encore besoin aujourd'hui d'études robustes pour pouvoir valider clairement ces performances", déclare Cédric Carbonneil, adjoint à la direction de l’évaluation et accès à l’innovation, Haute Autorité de Santé.
Il ne faut surtout pas attendre l’arrivée de cette imagerie sur tout le territoire. Aujourd’hui, le meilleur moyen d’être dépistée tôt reste de passer une mammographie classique tous les deux ans après 50 ans.