Cancer : vers un "droit à l’oubli" moins discriminant
Le 17 février 2022, les sénateurs ont voté à l'unanimité la réduction du délai du droit à l’oubli pour les personnes guéries d’un cancer. Il s'agit d'une avancée majeure pour les Français qui veulent contracter une assurance emprunteur. Reportage.
Emprunter et se lancer dans un projet immobilier relève souvent du parcours du combattant lorsque vous avez été malade. A 36 ans, Abelia vient tout juste d’acheter son premier appartement. "Je m’y sens bien et j’avais vraiment envie de m’investir dans un projet qui me soit cher et qui me représente", explique Abelia Becker.
La double peine pour les malades
Pour la jeune femme, en rémission d’un cancer du sein depuis un an et demi, contracter un prêt n’a pas été simple et notamment de répondre au questionnaire médical demandé par sa banque. "Il y a pas mal de questions pour lesquelles il faut préciser les conclusions du bilan initial, notamment si des ganglions ont été atteints, à quel moment, le nombre, le diagnostic final, la classification, le grade… c’est vraiment extrêmement précis".
Il lui a été demandé les comptes rendus de consultations entre les médecins, ainsi que des copies des derniers examens… Ce sont de douloureux souvenirs pour la jeune femme."Quand j’ai reçu ça, ça m’a heurtée, ça m'a déprimée et ça a été difficile psychologiquement. C’est comme si c’était une étiquette qui me collait à la peau, comme si c’était la maladie qui me définissait. Pour moi, je le vois comme un accident de parcours, une étape, une expérience".
Questionnaire de santé en partie supprimé
Ce questionnaire médical pourrait bientôt ne plus être un obstacle pour des milliers d’anciens malades. La réforme de l’assurance emprunteur prévoit sa suppression pour les prêts immobiliers inférieurs à 200 000 euros, remboursés avant 60 ans.
Une autre nouveauté est l’abaissement du délai d’accès au droit à l’oubli de 10 à 5 ans. En clair, 5 ans après la fin des traitements, un ex malade n’aura plus à déclarer son cancer à sa banque.
C'est une avancée majeure pour les anciens malades qui est aussi plus cohérente avec les progrès de la médecine.
La nouvelle loi, votée à l'unanimité, entrera en vigueur en juin 2022.