Cause, symptômes, traitement... Tout savoir sur le kératocône
Le kératocône est une maladie oculaire méconnue, qui touche environ une personne sur 2 000, provoquant une déformation progressive de la cornée et une altération importante de la vision. On vous explique.
Dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), cataracte, glaucome... Le diagnostic et les traitements de ces maladies oculaires sont aujourd'hui de mieux en mieux adaptés. Mais d'autres troubles oculaires moins connus peuvent gâcher le quotidien des personnes touchées et entraîner une longue errance médicale. C'est notamment le cas du kératocône.
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Qu'est-ce que le kératocône ?
Le kératocône touche environ une personne sur deux mille. Il apparaît généralement autour de la puberté, évolue lentement puis tend à se stabiliser entre 30 et 40 ans. Cette maladie s’attaque à la cornée, cette fine membrane transparente qui recouvre le devant de l’œil et qui, en temps normal, a la forme arrondie d’un ballon de foot. Lorsque le kératocône s’installe, la cornée s’affaiblit, perd de sa régularité, et commence à se bomber, prenant la forme d’un cône, d'où le nom de la maladie.
Ce changement de forme entraîne une déformation de la vision. L’image perçue devient floue, dédoublée, accompagnée parfois de halos lumineux ou d’un effet de brouillard. Ce phénomène est lié à l’apparition d’un astigmatisme, de myopie et d’aberrations visuelles. Dans les cas les plus graves, le kératocône peut évoluer rapidement et entraîner une perte importante de la vision si aucun traitement n’est mis en place.
Quelles sont les causes du kératocône ?
Même si l’origine exacte du kératocône reste encore floue, certains éléments sont aujourd’hui bien identifiés. La Docteure Marion Ortoli, ophtalmologue, explique que les personnes ayant une cornée naturellement plus fine que la moyenne sont généralement plus exposées. Il existe également une composante génétique, certains cas étant héréditaires.
Mais le facteur de risque le plus clairement établi est bien plus banal : le frottement des yeux. Ce geste anodin, souvent répétitif, peut exercer une pression excessive sur une cornée déjà fragile et contribuer à sa déformation. Pour les personnes à risque, il est aussi déconseillé de dormir sur le ventre ou la tête enfouie dans l’oreiller, car ces positions augmentent la pression sur l’œil.
Comment traiter un kératocône ?
Heureusement, le kératocône est une maladie qui se traite. Au stade précoce ou modéré, le port de lentilles rigides reste la solution la plus simple et la moins invasive. En exerçant une pression sur la cornée, ces lentilles permettent de compenser ses irrégularités et de restaurer une vision nette. Mais certains patients ne les supportent pas ou ne les tolèrent plus avec le temps.
Des options chirurgicales sont alors proposées aux patients. La pose d’anneaux intra-cornéens permet par exemple de redonner à la cornée une forme plus régulière. Ces petits implants en plastique sont insérés à l’intérieur de la cornée à l’aide d’un laser et renforcent sa structure. Autre alternative : le cross linking, une technique qui consiste à rendre la cornée plus résistante.
Cette opération est réalisée sous anesthésie locale. Le chirurgien retire alors l’épithélium, une couche qui protège l'œil, avant d'appliquer un produit photosensibilisant (la riboflavine) activé par une lumière inoffensive pendant plusieurs minutes, ce qui permet de solidifier le tissu cornéen et de stopper la progression de la maladie. Lorsque la cornée est trop abîmée et que les autres traitements sont inefficaces, la greffe de cornée reste le recours ultime pour préserver la vue. Cette chirurgie de dernier recours offre de bons résultats dans les cas sévères, mais elle est généralement envisagée après l’échec des autres solutions.