Chemsex : le sexe sous emprise
Le chemsex consiste à consommer des produits psychoactifs pour réaliser des performances sexuelles. Cette pratique favoriserait les comportements à risque. Les associations parlent de dizaine de morts chaque année.
Le chemsex, est la contraction de "chemicals", produits chimiques en anglais, et de sexe.
"Plus on prend de la drogue, plus on a envie..."
Chemsex, chems… Des mentions devenues banales sur les applications de rencontres homosexuelles.
Les annonces proposent des soirées de sexe débridé avec de nombreux partenaires et de nombreuses drogues. C’est ainsi qu’Enzo a découvert le chemsex il y a 10 ans.
"On fait du sexe ensemble, un peu n’importe comment, sans protection, un peu hard. Plus on prend de la drogue, plus on a envie, ça peut durer 24 h, 48 h jusqu’à 72 h sans se souvenir vraiment avec combien de personnes, on a couché et ce qu’on a fait", explique Enzo.
Pour tenir, Enzo consomme du GHB et des cathinones, de nouvelles drogues de synthèse aux effets désinhibants et stimulants, un cocktail hautement addictif.
"À la fin, je prenais de la drogue tous les jours, au réveil, tout était très minuté, une dose par heure. J’en pouvais plus de moi, de me voir préparer mes doses à l’avance, c’était un enfer", confie Enzo.
Un programme de sevrage
Il y a 4 ans, cet enfer pousse Enzo à la tentative de suicide. Après un premier sevrage réussi, le quadragénaire a replongé. Il est aujourd’hui de nouveau hospitalisé pour en finir avec son addiction.
Au-delà de la dépendance aux drogues, les risques liés au chemsex sont nombreux.
"C'est surtout le GHB qui va être à risque avec potentiellement des overdoses au GHB, des problèmes cardiovasculaires et puis il y a les risques liés au partage du matériel de consommation, des risques de transmission du VIH et de l'hépatite C principalement", explique le Dr Antoine Boulanger, psychiatre addictologue aux Hospices civils de Lyon.
Les dégâts sont aussi psychologiques, un sexologue encadre les patients pendant et après leur cure.
"Ce qui me fait peur, c'est d’avoir du sexe sans drogue. Lors du premier sevrage, ça avait déjà été compliqué. On ne va pas se mentir, ce n’est pas pareil", commente Enzo.
"La référence, c’est quand même sans. La sexualité, ce n’est pas que la partie technique, c’est aussi les caresses, le toucher, la sensualité et donc cela commence par là", précise Frédéric Buathier, sexologue aux Hospices civils de Lyon.
"On va travailler sur la confiance en soi, l’image de soi, réapprendre à aller vers l’autre. Il y a des choses à remettre en place et à réapprendre, ça va venir petit à petit", conclut Frédéric Buathier.
Après sa sortie de l’hôpital, Enzo pourra continuer ses séances, autant de temps que nécessaire. Comme lui, plus d’une centaine de patients consultent régulièrement dans cet hôpital pour des problèmes d’addiction au chemsex.