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Comment les caillots peuvent aider à soigner les AVC

Une recherche menée en France sur les caillots responsables de certains AVC pour améliorer la prise en charge de ces accidents. L'objectif : mieux comprendre la formation des caillots pour les détruire plus efficacement.

Farah Kesri
Rédigé le
AVC : les caillots au coeur de la recherche  —  Le Mag de la Santé - France 5

La lecture d’Olivier reste hésitante. Pour ce comédien, certains mots sont encore des obstacles. Il y a à peine trois semaines, Olivier a été victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) à son domicile.

Tout d’un coup, tout est devenu confus. "J'avais le téléphone dans la main et c'est exactement comme si j'avais vécu au 15e siècle, et que quelqu'un m'avait dit voilà ça s'appelle un téléphone, débrouille-toi avec. J'étais incapable de lire quelque chose, de voir quelque chose, je ne comprenais rien au téléphone. Aucune notion des dates, les prénoms de ma femme, de mes enfants, de mes parents... introuvables", confie Olivier Lambert, 61 ans. 

Capturer le caillot dans l'artère bouchée

Olivier parvient tout de même à contacter sa femme. Il est alors rapidement pris en charge à l’hôpital. Malheureusement, le caillot responsable de son AVC résiste au traitement médicamenteux. Olivier doit alors subir une intervention chirurgicale.

"Ce patient a eu un AVC ischémique, c’est-à-dire qu'une artère du cerveau s’est bouchée par un caillot" explique le Pr Jean-Philippe Désilles, neurologue à l'hôpital Fondation Rothschild. "Nous sommes montés par des vaisseaux pour pouvoir piéger le caillot et le retirer du corps. On récupère l'ensemble des artères qui étaient initialement bouchées et dès le lendemain, il était de nouveau capable de s'exprimer et de comprendre", poursuit-il.

4 500 caillots conservés pour être analysés

Bien qu'efficace, cette intervention n’est pas la solution la plus rapide. Pour trouver un meilleur traitement, tous les caillots sanguins récupérés lors de ces interventions font l’objet d’une vaste étude menée à l’hôpital Fondation Rothschild : l'étude Booster.

Quelque 4 500 caillots sont conservés dans une biobanque à -80°C avant d’être analysés.  "On est allé retirer le caillot dans une artère d'un patient. Celle-ci, c'était une grosse artère, l'artère carotide qui était occluse et celle-ci, c'était une de ses branches, c'est tout petit, mais ça suffit à faire d'importants dégâts au niveau du cerveau", souffle le Pr Désilles.

Contre ces caillots, le médicament actuel n’est efficace que dans 10 % des cas. Une équipe de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) associée à l’étude cherche à mieux comprendre la raison de cette résistance.

Pour cela, chaque caillot est préparé pour être analysé sous microscope. Grâce à des techniques de coloration spécifique, le caillot révèle ses secrets. En vert les fibres qui constituent le ciment du caillot.

Identifier les résistances aux traitements

"À l'heure actuelle, le médicament qu'on donne vise à dissoudre cette colle verte pour désagréger le caillot et fluidifier le sang à nouveau" détaille le Dr Benoit Ho-Tin-Noé, directeur de recherche Inserm à la faculté de pharmacie de Paris. "Une des premières choses qui a d'abord été constatée, c'est que certains caillots sont plus riches en globules blancs que d'autres. Le problème, c’est que lorsqu’on a des globules blancs en quantité importantes, ils vont relarguer quelque chose qui va venir interférer avec l'action du médicament et bloquer son action", déplore le chercheur.

Or, il existe un médicament capable de lever l’effet bloquant des globules blancs. En laboratoire, l’association des deux médicaments a permis de détruire les caillots résistants. C'est une découverte majeure. Un essai clinique vient de commencer pour tester cette nouvelle stratégie chez les patients victimes d’un AVC.

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