Contamination au mercure du thon en conserve : faut-il s'inquiéter ?
Deux ONG alertent sur la "contamination généralisée" des boîtes de thon vendues en France et en Europe au mercure, une substance particulièrement nocive pour la santé.
"Un poison extrêmement dangereux." L'association de défense de l'environnement Bloom et l'ONG de défense des consommateurs Foodwatch révèlent que le thon en conserve commercialisé dans cinq pays européens, dont la France, est largement contaminé au mercure, dans un rapport publié ce mardi 29 octobre.
"Bloom a sélectionné aléatoirement 148 boîtes de conserve dans cinq pays européens (France, Allemagne, Angleterre, Espagne et Italie) et les a fait tester par un laboratoire indépendant : 100 % des boîtes sont contaminées au mercure", révèle l'enquête menée par l'ONG Bloom. L'association de défense de l'océan affirme que pour plus d'une boîte sur deux, la teneur en mercure dépasse la limite maximale fixée pour d'autres espèces de poissons, soit 0,3 mg/kg.
Le thon Petit Navire pointé du doigt
Les associations Bloom et Foodwatch dénoncent un "scandale sanitaire" et demandent à la grande distribution et aux pouvoirs publics de "prendre des mesures d'urgence", dont l'abaissement des limites autorisées. "Les teneurs maximales en mercure du thon aujourd'hui en vigueur en Europe ont été établies en fonction du taux de contamination des thons constaté et non en fonction du danger que représente le mercure pour la santé humaine, afin d'assurer la vente de 95 % des thons", relève l'enquête. Elles ont ainsi été fixées à 1 mg/kg pour le "poids frais" et non le produit fini, dans la conserve.
"C'est la raison pour laquelle le thon, espèce parmi les plus contaminées, se voit attribuer une tolérance maximale en mercure trois fois plus élevée que celle des espèces les moins contaminées." Pour les deux ONG, "aucune raison sanitaire ne justifie cet écart : le mercure n'est pas moins toxique s'il est ingéré via du thon, seule la concentration de l'aliment en mercure compte".
En France, la marque Petit Navire est particulièrement pointée du doigt : une de ses boîtes affiche une teneur de 3,9 mg/kg. Les ONG appellent la Commission européenne à s'aligner sur la teneur maximale la plus stricte qu'elle a fixée pour d'autres espèces, soit 0,3 mg/kg. "Nous exigeons que les pouvoirs publics renforcent la réglementation et, sans attendre, que les distributeurs ne commercialisent que des produits en dessous du seuil le plus protecteur", résume Camille Dorioz, directeur des campagnes chez Foodwatch.
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Quels sont les dangers du mercure ?
Le mercure, présent notamment dans les dépôts atmosphériques provenant des centrales à charbon, est classé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) parmi les dix substances les plus préoccupantes pour la santé publique. Dans l'océan, le mercure se mélange à des bactéries et se transforme en méthylmercure, un dérivé encore plus toxique.
"Le mercure élémentaire et le méthylmercure sont toxiques pour les systèmes nerveux (...); des troubles neurologiques et comportementaux peuvent être observés après exposition", indique l'OMS. "À haute dose, le méthylmercure est toxique pour le système nerveux central de l’être humain, en particulier durant son développement in utero et au cours de la petite enfance", précise de son côté l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Pour limiter l'exposition au méthylmercure, l'autorité sanitaire recommande "de consommer du poisson deux fois par semaine en associant un poisson gras à forte teneur en acides gras oméga-3 (saumon, sardine, maquereau, hareng) et un autre poisson (colin, merlu, cabillaud, sole, etc.)" et "de diversifier les espèces de poissons consommées et les lieux d’approvisionnement (sauvage, élevage, lieux de pêche, etc.)". Il est par ailleurs conseillé aux femmes enceintes de "limiter" leur consommation de certains poissons, comme le thon, la bar ou la dorade.