De plus en plus d'enfants sous psychotropes, faut-il s'inquiéter ?
Des dizaines de milliers d'enfants et d'ados sont sous antidépresseurs, psychostimulants ou anxiolytiques en France, alerte un nouveau rapport. Et les prescriptions ne cessent d'augmenter ces dernières années.
Antidépresseurs, antipsychotiques, psychostimulants ou médicaments sédatifs…Dans un rapport publié ce lundi 13 mars, le Haut conseil de la famille de l’enfance et de l’âge (HCFEA), organisme placé auprès du Premier ministre, alerte sur une hausse très inquiétante de la prescription de ces médicaments.
Deux fois plus de prescriptions en 10 ans
Dans l’imaginaire collectif, ces médicaments pour traiter une dépression, une psychose ou encore des troubles anxieux ne concernent que les adultes. Sauf que les enfants sont eux aussi atteints par ces pathologies. L’inquiétude vient notamment du fait que les chiffres de prescriptions de ces médicaments ont doublé entre 2010 et 2021.
Entre 2014 et 2021 chez les moins de 20 ans, les prescriptions ont augmenté de 48% pour les antipsychotiques, de 62% pour les antidépresseurs et de 78% pour les psychostimulants, utilisés notamment pour traiter les troubles du déficit de l'attention (TDA).
"La santé psychique des jeunes s'est complètement dégradée"
Mais comment expliquer cette hausse ? Pour les antidépresseurs, le Covid a évidemment joué un rôle : "la santé psychique des jeunes s'est complètement dégradée" rappelle le Pr Bruno Falissard, professeur de santé publique et pédopsychiatre à l'hôpital Robert Debré, à Paris.
"Il est aussi parfois plus facile de prescrire un médicament que d'envoyer vers un psychothérapeute, difficile à trouver et non remboursé" déplore le Pr Falissard.
Des médicaments à réserver aux cas les plus graves
Du côté des anxiolytiques et des sédatifs prescrits pour dormir, à utiliser sur du très court terme, les prescriptions sont en hausse de 155%.
"Il n'existe pas de bon médicament pour dormir, le sommeil c'est une hygiène de vie", rappelle le Pr Falissard, même si "c'est plus facile à dire qu'à faire". "Quand il y a un problème de sommeil, essayons de ne pas aller immédiatement à la solution de facilité."
Faut-il pour autant bannir les médicaments psychotropes chez les enfants ? Quand ils sont bien utilisés, ces médicaments rendent tout de même des services. Et "plus vous souffrez, plus ils sont utiles", précise le spécialiste.
"La plupart des médicaments psychotropes protège de la souffrance psychique". Mais ils doivent être réservés aux patients les plus sévères, y compris chez les enfants.