Dépakine : après la mère et la grand-mère, le risque pourrait aussi venir du père
Les enfants dont le père a pris du valproate de sodium, un antiépileptique connu sous le nom de Dépakine, dans les trois mois avant la conception, seraient plus à risque de troubles du développement, alerte l’ANSM.
Mère, grand-mère… et père ? Le valproate de sodium (Dépakine), un antiépileptique connu pour causer de graves troubles à des enfants dont la mère ou la grand-mère a été traitée enceinte, pourrait aussi présenter des risques s'il a été pris par le père, a prévenu jeudi 3 août l'agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Malformations, troubles du développement, autisme…
Le valproate de sodium est un antiépileptique dont les risques pour l'enfant - malformation et troubles du développement comme l'autisme - sont déjà bien connus s'il est pris par la mère. Il est aussi suspecté d’avoir des effets sur plusieurs générations, en raison de l’existence de troubles chez des enfants dont la grand-mère a pris ce médicament.
Cette molécule est notamment commercialisée sous le nom Dépakine par le géant français Sanofi, visé dans ce dossier depuis plusieurs années par de multiples procédures judiciaires, dont certaines impliquent aussi l'ANSM.
Un risque deux fois plus élevé avec la Dépakine
Il existe un "risque potentiel de troubles neurodéveloppementaux chez enfants dont le père a été traité dans les trois mois qui précèdent la conception", écrit ainsi l’ANSM dans un courrier aux soignants. Elle s’appuie en effet sur une étude commanditée par son homologue européenne (EMA), dont elle avait déjà rendu publiques les conclusions en mai.
Cette étude, réalisée rétrospectivement sur des données de santé publique dans plusieurs pays scandinaves, met en avant une proportion plus élevée de troubles neurodéveloppementaux chez les enfants dont le père a pris du valproate dans les trois mois avant la conception. Ce risque est d'environ 6% contre quelque 3% chez les enfants de pères traités par d'autres antiépileptiques, lamotrigine ou lévétiracétam.
Ne pas arrêter seul le traitement
Mais "les limites de cette étude ne permettent pas à ce stade de conclure sur ce risque", selon l'ANSM, qui rappelle aussi que, même avéré, le risque serait bien moindre que pour des enfants dont la mère a pris du valproate lors de la grossesse (entre 30% et 40%). Pour savoir à quel point ce risque existe réellement, l'EMA a demandé des études complémentaires aux groupes pharmaceutiques qui commercialisent ce traitement.
En attendant des données permettant de tirer des "conclusions définitives", l’ANSM recommande aux médecins d’appliquer le principe de précaution et d'envisager des traitements alternatifs mais enjoint aussi les patients sous valproate de ne pas arrêter d'eux-mêmes ce médicament.