Des sages-femmes en camion, à la rencontre des femmes enceintes isolées
Dans les déserts médicaux, les femmes enceintes ne trouvent pas de professionnel de santé pour assurer le suivi de leur grossesse. Reportage en Auvergne, où une unité mobile médicalisée va à leur rencontre.
Au petit matin, dans les sous-sols du CHU de Clermont-Ferrand, ces sages-femmes prennent leur service. Cela commence par une inspection minutieuse de leur lieu de travail, un camion itinérant.
Elles sont obligées de tout sangler et de bien vérifier que le matériel ne bouge pas pendant le trajet. Il n’y a pas de temps à perdre...1h30 de conduite sur les routes d'Auvergne parfois sinueuses les attendent, et la météo peut être capricieuse.
"Aller voir les patientes au plus proche de chez elles"
Elles rejoignent des patientes enceintes pour leur rendez-vous de suivi obligatoires. "Aller voir les patientes au plus proche de chez elles, c'est une chance, ça nous sort de l'hôpital. C’est super agréable, et puis ce n'est pas facile d'avoir des professionnels de santé au plus proche de chez soi, donc on se rend compte de la réalité de ces femmes", explique Isabelle, sage-femme à l'unité mobile Opti’soins.
Son camion sillonne les quatre départements de l’Auvergne, et de nombreux territoires de désertification médicale. Environ 400 femmes enceintes de ces territoires devraient être mieux suivies chaque année.
Aujourd’hui, le camion s’arrête à Riom-ès-Montagnes, une petite ville d’un peu moins de 3 000 habitants. Les sage-femmes ont rendez-vous avec Fanny, qui entame son huitième mois de grossesse. Elle avait débuté son suivi à Aurillac, à 80 km.
Comme dans un vrai cabinet médical
"Pour aller faire une écho, on fait 1h30 de route. Le temps d'arriver, le temps de faire l’écho, le temps de rentrer, ça prend toute l'après-midi et ça rajoute une fatigue quand même inutile dans un moment où on a déjà pas mal de fatigue accumulée", confie Fanny.
Ces longs trajets peuvent être une vraie source de complications pendant la grossesse. Alors, pour la suite, Fanny a choisi le camion. Ici, le suivi est aussi complet que dans un cabinet libéral.
"On propose des consultations mensuelles de suivi de grossesse, de la préparation à la naissance à la parentalité, l'entretien prénatal, l'entretien post-natal. On propose également de réaliser les examens biologiques directement dans le camion", précise Isabelle.
"Un petit nid douillet et intime"
Il est également possible de faire des échographies malgré le côté exigu des lieux. Tous les voyants sont au vert pour le bébé et pour Fanny. Avec son conjoint, ils apprécient cette prise en charge.
"C'est très confortable et en plus, ça nous sort du milieu hospitalier. On se retrouve en tout petit comité, c'est hyper intime, on revoit les mêmes personnes. Ça fait vraiment un petit nid douillet et puis c'est marrant d'être dans un camping-car", conclut Fanny.
Le dispositif est encore en test. Une étude est menée en parallèle pour identifier si le besoin est bien réel dans les communes ciblées. Réponse en septembre 2024.