Douleurs liées aux bandelettes sous-urétrales : "Il faut écouter les patientes"

Des douleurs intenses, parfois insupportables. Ces derniers mois, les témoignages de femmes handicapées par les complications liées à la pose d'une bandelette sous-urétrale se sont multipliés. Mais comment une simple bandelette peut-elle entraîner de tels symptômes ?

Les bandelettes sous-urétrales sont un traitement de l'incontinence urinaire d'effort. Cette dernière est due à un défaut des tissus qui soutiennent le canal de l'urètre. "Les bandelettes sous-urétrales sont positionnées sous le canal de l'urètre pour améliorer son soutien", décrit le Pr François Haab, urologue.

Des nerfs irrités par la bandelette

Il en existe deux types. Celles qui sont dites "trans-obturatrices" passent dans les trous obturateurs du bassin. "Ce sont celles qui posent le plus de problème, car des nerfs se trouvent dans cette région. Ils peuvent être irrités par la bandelette et être sources de douleurs" détaille le spécialiste.

"Les bandelettes les plus anciennes sont appelées rétro-pubiennes. Elles montent en arrière du pubis et passent derrière la vessie. Ces bandelettes-là ne donnent normalement pas de douleur" poursuit-il.

Peut-on retirer une bandelette sous-urétrale ?

En cas de douleurs, de gênes ou de complications, il est possible d'ôter ces bandelettes lors d'une nouvelle intervention chirurgicale. La rumeur circule actuellement qu'un seul chirurgien aux États-Unis enlève ces bandelettes et que cette pratique n'est pas réalisée en France.

"C'est complètement faux" tranche le Pr Haab. "En France, de très nombreux chirurgiens sont formés pour retirer les bandelettes sous-urétrales ou traiter les complications liées à ces bandelettes. On en retire régulièrement" confirme-t-il.

Environ 3% de réinterventions pour complications

Combien de femmes sont concernées par ces complications ? La pose de bandelettes sous-urétrales a démarré en France en 1998. "Aujourd'hui, en 2023, environ 500 000 femmes en France ont été opérées de bandelettes sous-urétrales", compte le Pr Haab.

"Le système national informatique français des données de santé (SNDS) estime à 2,8% le nombre de réinterventions. Celles-ci comprennent toutes les complications liées à ces bandelettes, y compris les douleurs" précise-t-il. "La cause la plus fréquente d'ablation de la bandelette n'est pas la douleur, mais une pose trop serrée qui entraine des difficultés pour uriner" souffle encore ce spécialiste.

"Nier la douleur n'est pas audible"

Si elle n'est pas la plus fréquente, la douleur est la complication la plus complexe à prendre en charge. "Mais il faut prendre en charge ces patientes et il faut d'abord les écouter" martèle le Pr Haab.

"Car il y a parfois une mauvaise reconnaissance et une mauvaise prise en compte de la douleur des patientes. Nier la douleur n'est pas audible, le problème est là. Et la souffrance vient à la fois de la douleur et de la non-reconnaissance de la douleur" déplore-t-il enfin.