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Eau du robinet contaminée : faut-il s'inquiéter ?

Environ un tiers de l'eau du robinet est contaminée par les restes d’un pesticide, le chlorothalonil, selon un rapport de l’anses. Mais faut il s’en inquiéter ? Et peut-on continuer à la boire ? Reportage.

Clémentine Louise
Rédigé le
Eau du robinet contaminée : faut-il s'inquiéter ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

L’eau du robinet serait-elle devenue dangereuse pour notre santé ? Derrière sa clarté apparente se cachent les restes d’un pesticide longtemps utilisé sur nos cultures : le chlorothalonil. Interdit en 2020 car suspecté d’être cancérogène, il a laissé des traces dans nos nappes phréatiques. Des résidus, appelés métabolites. 

Analyser chaque gouttelette d'eau

Les laboratoires ont dû innover pour traquer la présence de l’un d’entre eux devenu inquiétant. "On analyse le chlorothalonil de manière très courante dans l'eau de consommation, c'est-à-dire l'eau potable, du robinet, depuis plus de 10 ans", note Yann Le Houedec, directeur général d'Eurofins Hydrologie France. "Le métabolite qui a récemment fait parler de lui, on est capable de l'analyser depuis effectivement moins d'un an", précise-t-il.

Dans ce laboratoire, les chercheurs reçoivent des échantillons d’eau potable de toute la France pour les analyser. C’est dans cette machine que chaque petite gouttelette d’eau est passée au crible. Objectif : y détecter la trace du fameux métabolite. Les résultats apparaissent sous formes de pics qui indiquent sa présence et sa concentration.

Une situation non-conforme, mais sans risque ?

Ces recherches, demandées par l’agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) ont permis de découvrir qu’en France, environ un tiers de l’eau du robinet était contaminée. "On dépasse de façon assez fréquente la valeur de 0,1 microgramme par litre, qui est une valeur réglementaire mais on reste en dessous des valeurs au-delà desquelles on pourrait encourir un risque qui est à 3 microgrammes par litre" note Christophe Rosin, chef de l'unité chimie des eaux à l'Anses hydrologie.

"Donc situation de non-conformité, oui, mais pas forcément situation susceptible de générer des risques" rassure-t-il.

Pas encore la preuve de sa toxicité

Pas forcément de risques et pourtant, le pesticide en question, le chlorothalonil est suspecté d’être cancérogène. Alors comment être sur que son métabolite n’est pas dangereux ? "Tout ce qu’on peut dire, c’est que sa structure peut être préoccupante, mais on n'a pas encore la preuve que c’est toxique. Et tant qu’on n'a pas cette preuve, on ne va pas interdire la consommation de l’eau", explique Robert Barouki, directeur du laboratoire toxicité environnementale à l'Inserm.

Une interdiction sera décidée seulement si la présence du métabolite dans l’eau ne diminue pas d’ici trois ans. Mais pour le moment, toxique ou pas toxique, on navigue en eaux troubles.

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